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Le mensonge le plus significatif, celui qui nous entraîne dans le mur? L’activité humaine n’est plus conduite pour rendre des services, mais essentiellement pour enrichir les propriétaires des moyens de production. Et d’une manière démesurée. Un exemple: l’achat, au début du 20e siècle, de toutes les compagnies de tramway, par les sociétés pétrolières américaines. Ainsi tous les trams ont été rapidement supprimés, remplacés par des bus. Toutes les routes, jamais assez nombreuses ni assez larges, ont été couvertes d’asphalte.
La conscience de l’accélération de l’anthropocène n’est apparue qu’avec les rapports du Club de Rome dans les années 70. Ce capitalisme a été dénoncé depuis longtemps. Depuis que ce ne sont plus que des financiers, formés dans les banques ou les trop célèbres écoles de Chicago ou de Saint Gall qui dirigent les entreprises, l’objectif des entités de production, n’est plus que d’augmenter la rentabilité du capital qui y est investi. Depuis des années, les Anglo-saxons visent au moins 20% chaque année. Cette réalité brouille tous les jeux. Heureusement, il y a encore quelques PME qui échappent à cette nouvelle façon de faire. Le patron et ses quelques collaborateurs se sentent heureux de mettre leurs compétences au service de leurs clients.
Démocratie directe?
Dans nos pays démocratiques, nous croyons encore que le peuple joue un rôle déterminant dans la conduite des affaires. Or, même en Suisse, où le peuple a le dernier mot, la situation n’est pas satisfaisante. Exemples récents. 1) «Les multinationales responsables» disposaient, au printemps passé, d’une sympathie extraordinaire de l’ordre de 81%. Le matraquage des derniers mois, avant la votation, a ramené cette sympathie à 50,7%. 2) La somme de mensonges exprimés contre l’initiative dite des 99% ne pourra pas être dépassée. Alors que n’étaient visés que les revenus du 4e million, il ressortait de ces «salades» que le 99% de la population allait être ponctionné.
La presse suisse est libre. Les militants de droite et de gauche arrivent à s’exprimer dans ces médias qui n’appartiennent plus, comme ce fut le cas encore au siècle passé, à des camps idéologiques assez clairement définis. Ils appartiennent à des groupes financiers qui ont les mêmes intérêts que le grand capitalisme. Dès lors, beaucoup d’informations n’apparaissent que dans des journaux spécialisés, celui de l’ONG Public Eye par exemple, ou dans des journaux de gauche à la diffusion à peine existante. Notre démocratie directe ne fonctionne pas à satisfaction.
L’évasion encouragée
Tous les trois ans, le Consortium des journalistes d’investigation sort des listes impressionnantes d’institutions bancaires, de bureaux d’avocats, de personnalités du monde de l’économie ou de la politique très actifs dans de l’évasion fiscale. Rien ne change jamais. Il arrive que des banques (les suisses sont souvent sur la sellette) soient condamnées à de grosses amendes, à l’étranger, mais les directeurs responsables, eux, ne sont jamais condamnés. Si l’un de leurs collaborateurs s’avise de dénoncer les magouilles, c’est lui qui est jeté en prison. Les Chambres fédérales ont été appelées à faire passer les bureaux d’avocats qui aident à la création de milliers de sociétés fictives, par la même loi que celle qui oblige les banques à signaler les capitaux douteux. Elles ont passé cette proposition à la poubelle. Même les représentants du peuple n’hésitent pas à voter contre leur intérêt, contre l’honnêteté, contre l’honneur, contre la transparence. Et nous venons d’apprendre qu’il n’y a pas que Genève, Zoug, Lugano, Zurich, Bâle qui se spécialisent dans cette «industrie». Le Courrier et La Liberté viennent de dénoncer Fribourg où ce sport fleurit.
France, États-Unis, Italie
Les partis de droite et de gauche français se sont largement décrédibilisés. Les banquiers ont fait émerger et élire Macron sur le mensonge selon lequel il allait prendre le meilleur des propositions des deux camps. Toute la presse française n’appartient plus qu’à neuf milliardaires. L’exercice devenait facile. Aux États-Unis, la manipulation organisée par Cambridge Analytica avec la collaboration de Facebook, pour le compte des Russes, a permis à Trump de s’imposer dans le camp républicain puis à la Maison blanche. Je me souviens avoir entendu, il y a déjà de nombreuses années, que la mafia italienne participait pour 17% au produit intérieur brut du pays (combien aujourd’hui?). Tous ces capitaux blanchis dans l’économie ordinaire ne manquent pas d’avoir une influence détestable sur la conduite des affaires commerciales et publiques. Les puissants qui les utilisent n’hésitent plus à se moquer des limites légales. Dès lors, l’exemple venant d’en haut, la petite délinquance se sent des ailes. Elle aurait tort de se gêner…
De l’Église au Marché
Pendant des siècles, tous les malheurs des peuples étaient expliqués par la colère de Dieu qui voulait punir ceux qui n’avaient pas suivi ses préceptes. C’était valable pour les peuples et pour les individus. Depuis que le Marché a remplacé Dieu, on nous affirme que les services privés sont bien moins chers que les services publics. Trop rares sont ceux qui se permettent de remettre en cause ces mensonges. Les contester, c’est se mettre en marge de la société. La multiplication des fausses informations remet en cause la crédibilité générale des journalistes et des magistrats. Les réseaux sociaux amplifient le phénomène. C’est la chienlit. Vivent le mensonge et la manipulation.