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Octobre 2020
Théo Buss: justice au cœur
Auteur : Rémy Cosandey

Il faudrait plusieurs numéros de l’essor pour parler de l’impressionnant parcours du pasteur Théo Buss. Contentons-nous donc de retracer les principales étapes de sa vie. De 1942 à aujourd’hui, de Zurich (où il est né) à La Chaux-de-Fonds (où il habite depuis 2008) en passant par Neuchâtel, la Sicile, Le Locle, la Bolivie, Berne, Genève, le Nicaragua et bien d’autres villes et pays, il a inlassablement lutté pour la justice, la paix et la concorde entre tous les habitants de la planète.

Dans le livre qu’il vient d’éditer, Théo Buss souligne immédiatement sa profession de foi: «Les injustices criantes et l’avenir inquiétant qui font souffrir la plupart des êtres humains sur notre planète pourraient nous inciter au pessimisme. Ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Au contraire, j’ai choisi de présenter des acteurs, des témoins, des précurseurs, des modèles de vie qui m’ont puissamment inspiré et qui nous montrent la voie de l’engagement dans une variété de luttes pour la justice, la liberté et la sauvegarde de l’environnement et de l’humanité. Vaste est la tâche et long le chemin vers un monde plus juste, plus orienté vers l’entente fraternelle et débarrassé des prédateurs qui continuent de piller les ressources de la terre mère!».

En 370 pages (il aurait pu en écrire le double), Théo Buss retrace ses convictions et ses combats. Il emmène ses lecteurs aux quatre coins du monde, retraçant ses engagements, ses expériences, ses satisfactions et ses déceptions. Il rappelle sa consécration au ministère pastoral en 1969, son travail dans le cadre de l’Eglise vaudoise d’Italie à Riesi (1969-1970), son travail comme manœuvre en usine au Locle (il voulait faire comme les prêtres ouvriers), son activité dans la paroisse protestante du Locle (1970-1977) au cours de laquelle il s’est beaucoup occupé de la jeunesse et de l’oecuménisme. Pendant cette période, il a œuvré pour ouvrir un Magasin du Monde au Locle (c’était le premier du canton), pour créer une section d’Amnesty International; il s’est engagé aussi avec conviction pour la création d’un service civil en Suisse.

La Bolivie sous le couperet

Puis il est parti à Sucre et La Paz, au service de l’Eglise évangélique méthodiste de Bolivie. C’est là qu’il a écrit le livre La Bolivie sous le couperet dans lequel il dénonce la dictature sous laquelle vivait ce pays. Lisons-le: «Dans mon for intérieur, je reste très attaché à ce pays, à sa population bigarrée, si combative, à sa culture, à sa musique en particulier, à son histoire. Ma chère Bolivie! Chaque jour, je suis reconnaissant pour toutes les leçons que j’y ai apprises».

Dans son livre, Théo Buss insiste sur la volonté du pays de se soustraire à l’influence des Etats-Unis, notamment au sujet des richesses enfouies dans le sous-sol du pays. Mais la volonté du président Evo Morales n’a pas suffi, lui qui concevait l’exploitation et l’industrialisation du lithium comme un outil de conquête et de défense de la souveraineté nationales. A cet égard, il faut citer l’ex-vice ministre des Hautes technologies énergétiques: «C’est toujours comme ça. L’impérialisme se met en quête de ressources et, quand il le faut, il n’hésite pas à agresser ou à envahir tel ou tel pays pour mettre la main dessus».

Après un remplacement à Reconvilier, Théo Buss est devenu responsable du Service d’information Tiers-Monde en Suisse romande (1979-1982). Puis, de 1982 à 1991, il a travaillé en tant qu’attaché de presse du Conseil œcuménique des Eglises (COE). Il a notamment collaboré avec les secrétaires généraux Philip Potter et Emilio Castro.

En 1992, il est reparti pour 4 ans en Bolivie. Il a été professeur à la Faculté de philosophie et théologie de l’Université catholique de Bolivie, principalement dans les domaines du mouvement œcuménique et de la théologie de la libération.

Pain pour le prochain

Après avoir été pasteur pendant 15 mois dans une paroisse du canton de Glaris, il a été engagé en qualité de secrétaire romand de Pain pour le prochain. Dans le cadre de ses fonctions, il a préparé chaque année une campagne œcuménique de Carême, avec remise en question du système d’exploitation économique du Sud par le Nord et résistance au néolibéralisme.

De 2005 à 2008, Théo Buss a séjourné au Nicaragua où il a été formateur de leaders en développement socio-ecclésial et rédacteur de modules. Puis, il est revenu en Suisse et s’est établi à La Chaux-de-Fonds, ville qu’il considère comme un bon enracinement. De 2009 à 2013, il a été député au Grand Conseil neuchâtelois, élu sur la liste Parti ouvrier et populaire-solidaritéS.

La Palestine n'était pas une terre vide comme le prétend la légende nationaliste israélienne.
– Daniel Barenboïm, chef d’orchestre

En été 2011, il a été membre d’une mission d’observation des droits humains en Israël et en Palestine, en collaboration avec le Conseil des Eglises du Moyen-Orient. C’est là qu’il s’est rendu compte de la justesse des revendications des Palestiniens pour créer leur propre Etat. Il est actuellement engagé dans une association qui dénonce l’apartheid pratiqué par Israël et qui s’engage pour le droit au retour des Palestiniens.

Il faut encore souligner que Théo Buss a dénoncé il y a quelques années, dans un mémorable sermon radiodiffusé depuis la Collégiale de Neuchâtel, le rôle esclavagiste des grandes familles neuchâteloises, notamment celle de de Pury. Il avait quelques années d’avance sur l’actualité d’aujourd’hui!

L’ouvrage du pasteur Buss est à la fois le témoignage d’un combat de toute une vie et un livre d’histoire qui raconte des faits vécus. Son sous-titre est révélateur: Quand l’humanité creuse sa propre tombe. Il mérite d’être médité par tous ceux qui luttent pour un monde meilleur et qui veulent promouvoir un système différent du néolibéralisme qui détruit notre civilisation.

Rémy Cosandey

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