Logo Journal L'Essor
2024 2023 2022 2021 2020 2019 2018
2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011
2010 2009 2008 2007 2006 + 100 ans d'archives !
Rechercher un seul mot dans les articles :
Article suivant Numéro suivant
Numéro précédent Article précédent   index de ce numéro

Février 2021
Les chasseurs attaquent la liberté d’expression
Auteur : Alain Prêtre

Les chasseurs neuchâtelois n’assument pas leur responsabilité de fossoyeurs de la faune sauvage. Ils ont déposé en effet une plainte pénale pour diffamation contre moi suite à mes écrits publics dénonçant en septembre dernier le danger que représenterait pour la faune sauvage l’approbation du projet de révision de la loi sur la chasse.

La Fédération de chasse du Canton de Neuchâtel a déposé sa plainte quelques jours après le rejet de cette votation par plus de 58% des votants du Canton de Neuchâtel. J’ai évidemment contribué pour une modeste part à cette victoire, ce que Jean-François Sunier, président des nemrods du Canton, ne me pardonne pas. Il a la défaite mauvaise. Ce dernier me reproche de qualifier les chasseurs de «tueurs» et «d’assassins». Mais que font-ils d’autre sinon de semer la violence, la souffrance et la mort parmi la faune sauvage locale? Ils ont une responsabilité directe dans le naufrage de la vie sauvage. Les chasseurs usent d’un vocabulaire aseptisé pour dénommer leurs expéditions punitives. Ils ne tuent pas, expliquent-ils, mais «prélèvent», «gèrent» et «régulent». Les chevreuils, bécasses, lièvres ou chamois, pris pour cible, ne voient sans doute pas les choses ainsi! Il faut appeler un chat un chat. Une personne qui vole dans un magasin n’est autre qu’une voleuse. Un individu qui abat un animal sauvage est un tueur, point barre. Ce n’est hélas que la réalité et la vérité.

Le dépôt de plainte des chasseurs est instruit par le Procureur Nicolas Feuz. Il chargea la police neuchâteloise de procéder à la saisie de mon ordinateur. Une mesure qui s’applique généralement aux pédophiles, terroristes et trafiquants de drogue. Les deux policiers ont tenté également de séquestrer l’ordinateur de mon épouse, ce à quoi je me suis vigoureusement opposé. Cette perquisition totalement disproportionnée était de surcroît inutile. Les écrits fondant la plainte des chasseurs étaient en effet d’accès public sur ma page Facebook et en possession de dizaines de destinataires à qui je les avais envoyés par mail.

Une perquisition est un acte violent que j’ai vécu comme un viol de ma vie privée. Cette mesure d’intimidation avait probablement pour objectif premier de me faire taire. Je suis en effet un militant déterminé dont les critiques acerbes, documentées et légitimes ulcèrent manifestement les chasseurs et autres fossoyeurs de la nature. En déposant plainte contre moi, c’est la liberté d’expression qu’ils attaquent. Cette action en justice sonne comme un aveu de faiblesse de la part de Fédération de chasse. J’ai invité son président à débattre publiquement avec moi, mais il a décliné l’offre, sans doute parce qu’il n’est pas en mesure de défendre son loisir au moyen d’arguments scientifiques recevables.

Je suis intimement convaincu que les chasseurs ne sont pas les seuls à la manoeuvre dans cette tentative de me réduire au silence. L’opinion publique, très majoritairement hostile à la chasse, m’a apporté un soutien massif. J’ai reçu en effet près de 4000 soutiens. Un comité de soutien a vu le jour. Il est présidé par le philosophe franco-suisse Dominique Bourg, ancien directeur de la Fondation Nicolas Hulot. Ce collectif rassemble des citoyens de tous horizons et de toutes conditions. Le dénominateur commun à toutes ces personnes est leur aversion profonde de la chasse. Les citoyens de 2021 n’acceptent plus que l’on décime la biodiversité. Ils souhaitent vivre en harmonie avec la nature et s’opposent à ce qu’une minorité se l’approprie pour assouvir ses pulsions malsaines.

Il est clair que cette plainte représente pour moi une source de motivation supplémentaire pour poursuivre avec encore davantage de détermination le combat que je mène avec d’autres. Je ne lâcherai rien, quel que soit le jugement qui sera prononcé. J’entends m’appuyer sur les innombrables soutiens reçus pour jeter les bases d’une organisation structurée qui s’assignerait pour objectif l’interdiction de la chasse dans le Canton de Neuchâtel.

Quelques remarques, sur le site d’Alain Prêtre

• Alors qu’il n’y a pratiquement plus de lièvres, que des projets d’éco-réseaux sont financés par l’État pour préserver l’habitat de ceux-ci, la chasse du lièvre est encore autorisée sur Neuchâtel! Le lobby des chasseurs perd toute crédibilité d’exiger le maintien d’une telle chasse. Cette nouvelle histoire avec M. Prêtre sera un autogoal de plus. La fédération devrait prendre un cours de communication. À quand l’initiative cantonale pour interdire la chasse sur Neuchâtel comme à Genève ?

• Bien sûr que les chasseurs sont des tueurs… ils ne vont pas en forêt pour prendre en photo les magnifiques et innocents animaux sauvages, ils y vont pour les tuer ou les blesser… Comme pour la maladie, nous ne sommes pas tous égaux dans l’évolution humaine… je pense que les chasseurs sont en retard dans l’évolution humaine… pourquoi ? Eh bien, un humain normalement évolué ne peut pas comprendre comment on peut tuer des animaux sauvages innocents pour le plaisir… c’est un mystère total !

• Il est Chaux-de-Fonnier, alors il faut l’emmerder, il serait de Neuchâtel comme ces aristocrates de chasseurs, cela serait le meilleur du monde et un grand protecteur de la faune animale. Il y a le Haut et le Bas, c’est bien connu.

Espace Rédaction    intranet
© Journal L'Essor 1905—2024   |   Reproduction autorisée avec mention de la source et annonce à la Rédaction  |       Corrections ?