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Octobre 2020
Le drone, arme de chasse ?
Auteur : Alain Prêtre

La palme de l'humour en cette année 2020 revient indiscutablement aux chasseurs du Canton de Neuchâtel! Président de la section des chasseurs du Val-de-Travers, Gilles Walder assure en effet, la main sur le cœur, dans le quotidien Arcinfo, que «les chasseurs aiment la nature». C’est le scoop de l'année!

Gilles Walder s'exprime au nom de Sauvetage Faons Neuchâtel dont il est le président, une association créée par les chasseurs pour survoler les prairies à l'aide de drones avant l'entrée en action des faucheuses et éviter ainsi aux faons d'être mutilés. Cette initiative peut sembler a priori louable mais, à y regarder de plus près, elle est motivée exclusivement par un sinistre calcul. Plus il y aura de chevreuils dans la nature, plus les chasseurs neuchâtelois seront autorisés à en abattre. L’espérance de vie des faons sauvés au début de l'été sera donc très courte. Ils seront tirés cet automne ou à l'automne suivant. Les chasseurs neuchâtelois restent donc des tueurs et ne peuvent en aucun cas revendiquer la qualité de protecteurs de la nature.

Si l'amour du chevreuil était véritablement leur souci, pourquoi participent-ils de son élimination? Pour «réguler»? Non, pour le plaisir malsain de les tuer. Pire, il arrive régulièrement que des chasseurs blessent mortellement un chevreuil et que celui-ci leur échappe pour aller agoniser dans de terribles souffrances dans l'épaisseur d'un taillis. C'est cela aimer la nature?

Les chasseurs neuchâtelois disposent de drones, en partie financés par le contribuable, pour repérer les faons. Mais une fois les fenaisons achevées, que deviendront ces drones? Seront-ils détournés de leur vocation initiale? Serviront-ils à localiser les animaux sauvages pour les abattre plus facilement durant la période de chasse? Le risque existe, assurément. L'Etat devrait exiger de Sauvetage Faons Neuchâtel qu'il dépose ses drones à la police ou au Service de la faune, des forêts et de la nature une fois les fenaisons terminées.

Il existe sur le Canton de Neuchâtel une autre association employant des drones pour sauver les faons. Il s'agit de SOS Faons, émanation de SOS Chats. Aurore Lecerf, mandatée pour cette mission, accomplit un travail remarquable exempt de toute arrière-pensée funeste. Cette jeune femme, militante de la cause animale, est mue exclusivement par un amour immodéré pour la faune sauvage. Qu'elle en soit ici chaleureusement remerciée ainsi que Tomi Tomek, présidente de SOS Chats.

Alain Prêtre
Photographe animalier et activiste
au service de la sauvegarde de la biodiversité

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