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Avril 2019
Une certaine idée de la justice
Lu par : Rémy Cosandey

Une certaine idée de la justice
Dick Marti,
Éditions Favre,
2018

Dick Marti connaît bien les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) du pays car il a été successivement procureur au Tessin, conseiller d’Etat dans son canton et conseiller aux Etats. De plus, il a été membre du Conseil de l’Europe dont il a présidé la Commission des droits de l’homme. Le livre qu’il vient d’écrire est un résumé des nombreuses activités dans lesquelles il s’est engagé, un inventaire de ses combats et surtout un témoignage qui devrait servir d’exemple à toutes les personnes pour qui la justice n’est pas un vain mot.

Le premier mot qui vient à l’esprit pour qualifier le parcours de Dick Marti est celui du courage. En effet, au cours de tous ses mandats, il a dénoncé sans relâche et surtout sans concession la perfidie des hommes, leurs lâchetés et leurs compromissions. C’est lui qui a révélé le trafic d’organes au Kosovo, les prisons américaines dans des pays européens, les tueries en Tchétchénie, en Syrie et en Irak, les atteintes aux droits de l’homme dans de nombreux pays.

Pour Dick Marti, la justice est la même pour tout le monde, qu’on soit puissant ou misérable (pour citer La Fontaine!). Grâce à ses valeurs morales et à sa grande capacité de travail et d’écoute, il a osé s’en prendre aux Etats les plus forts, aux criminels les plus endurcis, aux hommes politiques les plus corrompus. Cela lui a valu des menaces et des intimidations mais ne l’a jamais empêché d’aller au fond des choses et de rédiger des rapports accablants pour certains gouvernements.

Au passage, Dick Marti s’interroge au sujet de l’aide au développement et exprime ses inquiétudes quant à l’indépendance du Comité International de la Croix Rouge. Il insiste sur le droit des peuples à disposer de leur autonomie. A ce sujet, il critique vertement les dirigeants israéliens qui ne respectent pas les résolutions de l’ONU et qui font subir aux Palestiniens d’innombrables vexations.

L’auteur dénonce aussi les mensonges de certains politiciens, leurs atermoiements, le fossé qui les sépare du peuple qui les a élus. Il critique ces acteurs qui savent adapter avec une facilité déconcertante leur personnalité et leurs discours aux scénarios les plus populaires du moment. Pour lui, cela peut aller de l’opportunisme à la tromperie, de la bouffonnerie à l’affabulation.

Pour conclure, Dick Marti met en garde la Suisse: «Nous nous obstinons, seul pays en Europe, à refuser la transparence dans le financement des partis politiques et des campagnes de votations. La protection de la sphère privée est apparemment considérée comme plus importante que la transparence, prémisse pourtant essentielle de toute véritable démocratie. Oui, les démocraties peuvent aussi mourir. Et le danger vient rarement de l’extérieur».

Dick Marti? Un homme qui fait honneur à la Suisse. Il faudrait peut-être songer à lui pour le prix Nobel de la paix.

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