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Décembre 2013
La fin est le début d'autre chose
Auteur : Christian Rey

Toute nouveauté, quelle qu'elle soit, nécessite de faire le deuil du passé (Loi de la Vie).

Commençons par un peu d'étymologie et de Langue des Oiseaux1:
Le mot travail issu du latin tripalium est un instrument de torture à trois pieux, le fameux supplice du pal. Autrement dit, le travail apporte la souffrance… jusqu'à ce que mort s'ensuive. D'ailleurs qui en vérité aime son travail? Passons au mot labeur, du verbe labourer (son champ), qui indique des efforts avant la récolte. Vocable plus noble que le travail romain! Le cerveau inconscient ne distingue pas l'orthographe dans les sons, c'est pourquoi le labeur apporte du beurre sur la tartine, surtout avec les copains qui signifie couper, partager le pain avec son prochain. Ne parlons pas du mot bosser, qui amène à cabosser, «y' a qu'à bosser» quoi! Des bosses, des cabosses, encore des douleurs en perspective…

«L'intelligence c'est de pouvoir s'adapter», Clint Eastwood, Le maître de guerre.

Issu de l'anglais, nous avons le mot job qui fait référence au personnage biblique de Job, du même sens que Joseph qui lui provient de l'ancien égyptien Yuef qui désigne le corps, la dépouille d'Osiris.
En anglais donc, le job fait référence à l'emploi, à la tâche, mais a le sens de sale coup dans le code criminel. A Sumer, il pouvait avoir le sens de réussite, suivie de lamentations avant de tomber dans un piège; d'ailleurs la Bible raconte l'histoire d'un homme résigné, perdant tout, accablé des pire maux, avant de pouvoir refaire sa vie. L'hébreu le traduit par qui ajoute, qui prolonge et signifie en biopsychologie que les parents ne désirent pas vraiment leur petit Joseph, leur petit Job. Il est souvent «employé» dans l'expression job d'été, provisoire, de vacances. Toute l'histoire inconsciente d'un Job raconte des mémoires de stérilité ou de grandes épreuves pour avoir un enfant, donc pour se réaliser dans l'existence.

Vient ensuite le boulot dans le jargon2 de la sagesse populaire, le folklore3. Le bouleau qui se réfère à l'arbre de médecine par excellence, celui qui permet un nettoyage, une pur(ge)ification de l'organisme, une désintoxication générale. Dans l'esprit du shaman, il est une acceptation de la mort pour pouvoir guérir d'une absence. Dans la langue gauloise, il désigne l'arbre du soleil. Ses symboles sont la santé, la chaleur, la lumière, la conscience, la maturité, le Père, la réussite sociale. Est-il possible de trouver encore «une idée/son» de l'activité professionnelle plus belle encore que le boulot? Je pense que oui.

«Ma profession est l'expression d'une maladie que je viens réparer», principe de biopsychologie.

Voici donc la cerise sur le gâteau (expression trop pyramidales à mon goût), non disons plutôt le vocable le plus au cœur de la conscience sociale: je veux parler de notre capacité à œuvrer! Souvenons-nous que le mot ouvrier a sa source dans le vocable œuvrier, du verbe œuvrer. Ainsi, pour nos réalisations familiale, morale et sociale, nous devrions tous devenir des œuvriers de l'Humanité!

Donc perdre son travail est une très bonne chose pour notre inconscient. D'ailleurs, nos voisins Tibétains nous disent: «Si tu as deux chemins, choisis le plus difficile».

Soyons objectifs pour l'avenir en comprenant ce que la perte d'un emploi nous amène à vivre et à mourir:
1) nous remettre en question vis-à-vis du travail perdu;
2) à dépenser (et non prendre) du temps pour s'écouter, s'interroger, se reposer, se réparer et se ressourcer;
3) faire une pause avant de changer de métier, soit créer une nouvelle entreprise en tant que patron.

La question fondamentale à se poser est:
- est-ce que je fais mon «taf»4 pour moi-même (moi «m'aime»)
ou par besoin de reconnaissance (père, patron, peuple/société) ?
- est-ce que je fais «ça» à cause d'une souffrance ou grâce à une joie ?

Pour le cerveau

Ce qui n'est pas obtenu est remplacé; autrement dit, une chose non résolue fait place à un transfert: le doudou devient le ballon, qui devient la voiture, qui devient le téléphone, qui devient l'ordinateur. Est-ce que je bosse pour du fric ou par amour du métier, de l'œuvre, de la créativité, de la Création?

Ambition et idéal

L'ambition traduit un puissant manque de reconnaissance, en général une humiliation avec le père, ce qui est le cas avec un chef d'Etat. Le besoin d'être au-dessus des autres, plus fort, meilleur est le premier pas vers la guerre.

L'idéal est une valeur universelle, comme d'œuvrer pour le bien, le beau, le bon, la paix sur Terre, l'harmonie entre les espèces, l'acceptation de l'autre et de sa différence. Ceci, sans vouloir être supérieur en richesse, pouvoir et intelligence. Il est de toute manière plus facile de paraître que d'être, puisque je suis toujours plus près de moi que des autres! L'argent a remplacé l'amour et le paraître/célébrité/pouvoir a remplacé la confiance en soi. « Ne soyons pas esclaves de nos manques mais libres de nos joies » (Terry Chaisin).

Quand nous aurons compris que nous sommes tous responsables des malheurs du monde, car nous consommons ce qui nous détruit, alors viendra le temps où nous chercherons la réussite en nous et plus à l'extérieur.

C'est pourquoi nous devons, au-delà du travail, avoir un Bouleau (arbre de la conscience de soi) qui nourrisse notre idéal d'avoir et de développer un But dans la Vie! Comme celui d'être en bonne santé, d'apprendre à être heureux et d'éveiller en nous l'acceptation, la simplicité et la sagesse. Comme de construire le bonheur sur des valeurs véritables.

Christian Rey, École de l'Arbre
www.ecoledelarbre.ch


Notes

1. interprétation du Verbe selon les anciens druides. Qui tient compte du son et non de l’orthographe
2. langue d’initiés, langue des Oiseaux
3. étude, connaissance, sagesse du peuple
4. travail, boulot en argot parisien

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