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Quelle soit inéluctable dans le contexte géopolitique actuel et la demande soutenue d'une économie mondiale boostée par les puissants courants émergeant en Extrême-Orient, cette échéance semble une évidence. Cette ressource naturelle dont les gisements semblaient inépuisables au siècle dernier, lorsqu'on a passé de la lampe-falot au début du moteur à explosion et aux commodités calorifiques à bas prix qu'elle offrait, a progressivement conquis les marchés de l'énergie, puis de la chimie industrielle. Elle a permis de fabuleux développements dans les transports – terrestres, maritimes et aériens – et par là même dans la communication, dans la construction et dans une foule de nouveaux produits de consommation.
De ce fait, elle occupe une place prépondérante dans notre mode de vie actuel, nos besoins de déplacements, nos habitudes de confort, voire même notre appétit de découvertes. Sans parler du bouleversement dans l'art de la guerre et de la manne financière qu'elle procure aux Etats grâce aux lourdes taxes qui frappent l'ensemble des consommateurs résignés.
C'est dire l'inquiétude générale que provoque déjà l'hypothèse d'une raréfaction des produits pétroliers avec ses corolaires désastreux, la menace de pénurie et en dernier ressort les sources d'approvisionnement taries.
Plusieurs facteurs peuvent atténuer ces craintes et alléger le pessimisme ambiant. Il est patent que le monde politique et économique a pris conscience de ce risque d'épuisement assez proche des ressources de notre planète et qu'il en tient compte dans la gestion de la crise annoncée. En outre, les réserves sont encore suffisantes pour permettre d'infléchir la courbe de consommation dans une longue période d'adaptation technologique, avec l'appoint de nouvelles sources énergétiques que l'on s'efforce de développer ou de promouvoir.
L'un après l'autre, les Etats prennent conscience de la nécessité absolue de protéger le climat par des mesures d'économie touchant les produits dérivés du pétrole et leur gaspillage. La recherche pétrochimique travaille dans la même direction et l'industrie des transports s'ingénie à découvrir et à mettre en œuvre des solutions alternatives. En d'autres termes, la situation est évolutive encore pour plusieurs décennies durant lesquelles les solutions déjà adoptées – tel le recours aux énergies alternatives, encore marginal – seront sans nul doute amplifiées et perfectionnées dans leurs effets et complétées par de nouveaux procédés innovants. En cas d'absolue nécessité, l'ingéniosité humaine a toujours su résoudre les problèmes posés par une pénurie subite ou progressive, à plus ou moins court terme.
Bien sûr, cela ne signifie pas que nous sommes à l'abri de profonds changements, aussi bien dans le rapport des forces économiques mondiales ou dans notre mode de vie. Même la distribution des richesses ou l'influence des cartels et des pays producteurs seront sensiblement modifiées avec d'imprévisibles retombées socio- politiques. On peut espérer que le nouvel équilibre qui en sera la résultante contribuera à atténuer, sinon éliminer les tensions, au bénéfice d'une meilleure harmonie sur cette planète Terre si généreuse.
Emile Koog, journaliste