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Au secours, voilà les démocratures! Mot nouveau: «démocrature» qualifie une dictature déguisée en démocratie. Ou, puisque nous vivons une époque informatique, la dictature 2.0! Notre temps goûte les pouvoirs forts, autoritaires, en un mot, les néo-dictateurs.
Sans vouloir vous alarmer, il faut bien admettre que ça se rapproche. Nous sommes cernés par quelques pays sous influence, où règne un populisme de moins en moins démocratique. Nous-mêmes n’y échappons pas. Même si ça paraît plus feutré, il y a bien chez nous un certain parti qui se verrait bien hégémonique. Arriverait-il à ses fins, qu’il ne saurait d’ailleurs qu’en faire.
Petite revue d’effectif: À tout seigneur, tout honneur: la Russie qui vient de re-re-re-re-couronner son Tsar «Vlad IV»! Pratiquement tous les anciens satellites de la défunte URSS suivent ce chemin. La Biélorussie est, depuis très longtemps, une dictature qui ne dit pas son nom. Les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale ne sont pas non plus des modèles de démocratie. L’Ukraine comme les nations du Caucase, ne vont pas beaucoup mieux. Le plus surprenant est de voir la Pologne, la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, – alors même que leurs populations avaient soif de liberté à force d’étouffer sous un communisme qui était presque tout sauf marxiste –, voter massivement pour des pouvoirs forts. Ils veulent bien recevoir la manne européenne, mais de là à accepter quelques réfugiés ou la liberté de la presse? Oh! J’allais oublier l’empire du Milieu, qui vient, au terme d’un score «soviétique» (2958 voix pour, 2 contre [ils vont mal finir ces deux là] et 3 abstentions) de permettre à son PDG de le rester à vie. Ben voyons!
Et si ça ne se cantonnait qu’à l’Est, mais voilà que le populisme le plus bas de plafond menace directement les vieux pays occidentaux. Aube dorée en Grèce qui s’enorgueillit d’idéologie nazie. Le retour du Cavaliere flanqué de ses amis d’extrême droite dans la péninsule voisine. L’Autriche où de vilains souvenirs affleurent. La Hollande, jadis si ouverte et pragmatique, gavée de haine par une extrême droite raciste. La Belgique, en proie aux démons flamingants, comme aurait dit Brel. Notre grande voisine, qui a porté au second tour des élections présidentielles un FN irresponsable et malodorant. Dans le nord de l’Europe – Russie comprise – éclosent des groupes de jeunes néonazis. Oui, vous avez bien lu: des nazillons tout neufs, abrutis de haine et de bière, qui n’ont pas connu l’horreur, loin s’en faut, s’inventent un culte malsain en insultant leur propre Histoire. Et même chez nous, ou comme en France, après les pères, il va falloir supporter les filles. Sympathiques dynasties, où la nostalgie de Vichy et de Nuremberg, de la torture en Algérie pour l’une et de l’Apartheid en Afrique du Sud pour l’autre, enveloppent d’un voile de prétendue modernité les vieilles et crasseuses théories.
Un peu plus loin, il y a la Turquie. Alors là, c’est le pompon! Voilà un type qui organise un vrai-faux coup d’état pour pouvoir éliminer en toute impunité l’opposition. Les militaires turcs sont plutôt expérimentés en matière de coup d’état, s’ils avaient voulu renverser le gouvernement, ils y seraient parvenus. Ça ne vous rappelle pas un certain incendie du Reichstag? On va passer sur la Syrie, car là, ça dépasse un peu près tout ce que l’on pouvait craindre imaginer. En Israël, ou plutôt en Palestine, outre de nombreuses et inutiles brimades, on réinvente la colonisation. En plein 21e siècle, il faut le faire! Plus loin encore, suprémacistes et créationnistes ont fait main basse sur les Etats-Unis en suivant quelques fous dangereux qui haïssent la démocratie. Un peu plus au Sud, le Brésil est au bord de l’explosion; quant au Venezuela, c’est fait, il a explosé, merci.
Cette haine, ces relents racistes, ces populismes hypocrites, ces xénophobies cachées, sont, entre autres choses, le fruit pourri, exploité de la plus vile des manières, issu des phénomènes migratoires, eux-mêmes rendus inéluctables tant par le réchauffement climatique que par l’exploitation honteuse des matières premières dont on fixe le cours dans le brouillard londonien sans aucun égard pour les esclaves qui, sur place, crèvent empoisonnés. Sans parler, pêle-mêle, de la maltraitance des femmes, des fossés que l’on creuse méthodiquement, entre riches et pauvres, entre générations, entre Noirs et Blancs, entre hommes et femmes. Ni de l’extraction en catimini de métaux rares, du travail des enfants, des déforestations, de l’appauvrissement dramatique de la faune, des tristes continents de plastique qui flottent sur les océans, etc., etc…
N’en jetez plus, la coupe est pleine. L’impéritie, l’inculture, l’oubli et la lâcheté font le reste. Personne n’a osé dire la vérité au potentat d’Ankara. Tout comme personne n’avait osé annoncer à Staline qu’il était mort. Boutade me direz-vous, certes, mais, nous n’en sommes pas loin. Pire: on va même jusqu’à payer quelques-uns de ces monstres pour qu’ils gardent les réfugiés syriens, iraquiens et africains chez eux. Et puis, comme si ça ne suffisait pas, voilà que le grand mamamouchi turc tourne sa gigantesque armée, – mais est-ce vraiment surprenant? –, contre les courageuses (et souvent féminines) milices kurdes auxquelles nous avons lâchement délégué la lutte contre l’Etat Islamique. Non seulement nous ne disons mot ni ne faisons quoique ce soit, mais nous préférons sanctionner le Venezuela, déjà économiquement par terre, plutôt que la Turquie. Evidemment, Caracas c’est loin, et il y a moins de Vénézuéliens qui traversent l’Atlantique que de réfugiés qui se noient en Méditerranée. En faisant semblant de ne rien voir, de ne rien entendre et de ne rien savoir, nous nous trahissons nous-mêmes. Nous nous privons de ce qui fait de nous des humains. De quel bois sommes-nous donc faits? Où sont nos valeurs? Qu’avons-nous fait de notre honneur?
Cela dit, et malgré ce sombre constat, il y a des progrès réjouissants. L’humanité se connaît de mieux en mieux, appréhende mieux la terre et le cosmos. Il y a beaucoup de gens formidables, aidants, attentifs, tournés vers les autres. Et puis, il reste des hommes et des femmes qui pensent, qui essaient, qui cherchent, qui respectent, qui aiment, qui créent. Il reste l’espoir que nous devons porter. Il reste l’humour, qui nous sauvera. Et, selon Dostoïevski, il reste la beauté qui sauvera le monde!
Il ne faut que se réveiller…