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Il est ingénieur et écrivain, il a été professeur à l’EPFL et a siégé 12 ans au Conseil national: Jacques Neirynck est donc particulièrement compétent pour parler de la Suisse, de ses forces et de ses défauts. Et, dans son dernier ouvrage, il ne se gêne pas pour exprimer ce qu’il ressent à l’égard de sa patrie d’adoption (il est belge de naissance).
Le maître mot de l’auteur est l’acratie (absence de pouvoir). A travers les 130 pages de son livre, il explique le système du pays, caractérisé par des centres de décision éclatés (les cantons) et surtout par la domination de l’économie sur le politique. Avec des affirmations sans complaisance, il aborde les sujets les plus divers qu’il classe en chapitres: l’art de ne pas gouverner, la gérance des religions, les pensions problématiques d’un peuple vieillissant, l’assurance maladie aux soins palliatifs, le verrouillage du pays, la réussite non planifiée de la formation et de la recherche, le respect de la diversité, la correction des fautes, la malédiction du perfectionnisme et le secret à la portée de tous.
Jacques Neirynck souligne que, pour bien fonctionner, la Suisse est basée sur le consensus et que le libéralisme et le social sont indissociables. Au passage, il stigmatise durement le populisme: «L’idée constante du populisme est d’agiter le peuple avant de s’en servir, pour s’en débarrasser après coup, et d’utiliser les institutions démocratiques elles-mêmes pour mieux les détruire».
Qui aime bien châtie bien, tel pourrait être le proverbe qui correspond le mieux à Jacques Neirynck. En réalité, jouant sur la polysémie de l’adverbe «bien», on pourrait dire: «Qui aime beaucoup châtie juste». Quoi qu’il en soit, le livre mérite d’être lu car il donne de la Suisse une image à la fois critique et rassurante.
Rémy Cosandey