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Août 2023
Mes trois docteurs
Auteur : Bernard Walter

Dernièrement je parlais du jeûne avec une amie qui, intéressée par la question, m’a suggéré d’écrire un article sur ce sujet mal connu et passablement ignoré par notre système de santé. Ce qui est bien logique car il ne rapporte rien à l’industrie pharmaceutique, laquelle est un moteur dominant de ce système.

Je ne peux pas en parler autrement qu’en référence à mon expérience personnelle. Mais je ne peux pas non plus en parler sans le placer dans le contexte d’une vision générale de la santé. Cela m’amène à parler de mes trois docteurs.

Ce que je vais dire n’a d’autre but que de donner des idées, sans autre prétention. Et bien sûr, chaque expérience est différente, c’est à chacun de piloter sa propre vie en se fiant à son instinct et à son bon sens. Comme le dit Alexandre Jollien, ce grand philosophe de la vie, «ce que je dois garder à l’esprit, c’est faire ce qu’il est pour moi possible de faire». Avec son handicap, Alexande Jollien est placé pour savoir ce que cela veut dire.

En affirmant ce sage principe, Jollien met en avant l’importance de l’expérience personnelle dans notre démarche.

Bon, c’est vrai que le facteur chance joue son rôle. «Pourquoi c’est moi qui suis malade et pas lui? Pourquoi c’est lui qui est malade et pas moi ?» Questions légitimes. Ceci étant dit, il est certain que le mode de vie de chacun joue son rôle dans cette question de santé.

Alors j’en viens à mes trois docteurs.

Celui que je considère comme le premier de mes docteurs, c’est le chemin de Compostelle. Une telle marche de plusieurs semaines, c’est un véritable bienfait. Elle apporte les bienfaits de la nature, de la tranquillité et de la respiration. Et puis la marche est un régulateur du métabolisme. Bien sûr, il en va pour chacun selon ses disponibilités et selon ses moyens. L’important, c’est, dans la mesure du possible, de chaque jour cultiver une activité physique pour se maintenir en bonne forme. Cela se dit beaucoup, et avec raison.

Il y a quelques années, j’ai rencontré sur le Camino de Santiago un homme relativement jeune encore, atteint d’une maladie musculaire, dégénérative sans doute, le handicapant lourdement. Avec un secouriste sur lequel il pouvait s’appuyer, il marchait de Lugo à Santiago, 100 km, en un peu plus d’une semaine. C’était peut-être bien son dernier Camino. Est-il parvenu à son but? Je ne sais. Mais cette image de lui et son accompagnateur dans la forêt va me rester pour toujours comme une leçon de vie, de courage et de foi.

Mon deuxième docteur, c’est le jeûne. Je pratique environ une fois tous les cinq ans un jeûne long, pouvant aller jusqu’à trois semaines. À l’eau, sans rien d’autre. C’est pour moi une période de calme et de méditation, comme si je sortais du monde. Et puis j’apprends à être autonome et à ne plus avoir peur de rester sans manger. J’ai appris le jeûne depuis plusieurs dizaines d’années avec le livre d’Herbert Shelton: «Le jeûne» (édition Le Courrier du Livre).

Shelton est un praticien et philosophe du jeûne qui a encadré des milliers de personnes au cours de leur jeûne. Son livre est une vraie référence. Les expériences de jeûne que j’ai faites rejoignent ce que j’ai trouvé dans son livre. Le jeûne est un phénomène souvent mal connu, notre système de santé ne s’y intéresse pas vraiment, et puis cela fait peur! Pensez-donc, tout ce temps sans manger!

Le jeûne est souvent associé aux régimes masochistes durant lesquels on se prive de manger pour maigrir. En réalité cette pratique pourrait un jour nous permettre d’accéder à la fontaine de jouvence. Eh oui, le jeûne nous permettrait de rajeunir et de diminuer notre âge biologique. SoSoir (Wikipédia)

Les deux principes centraux du jeûne tels que les décrit Shelton, ce sont le repos physiologique et l’autolyse. Le repos physiologique est un temps où les organes sont au repos, et où ils ont le bonheur de se régénérer et se réparer. De se remettre des sollicitations quotidiennes excessives que notre mode de vivre leur impose.

Quant à l’autolyse, il s’agit d’un processus étonnant où le corps, n’ayant plus d’aliments à absorber, se nourrit de ses propres substances. Et pour ce faire, il commence par les tissus indésirables. Ainsi ce que le corps perd, ce sont les éléments inutiles ou nocifs qu’il héberge. C’est ce que j’appelle «le grand ménage».

Au sortir d’une telle aventure, le corps se sent comme rénové. Bien sûr qu’un contexte alimentaire plutôt frugal va rendre le processus plus aisé. Il est clair que pour des personnes novices, il est recommandé d’être suivi. Et ensuite, il faut repartir sur un rythme modéré.

Mais déjà le fait d’adopter un mode d’alimentation simple et plutôt frugal, en se limitant à deux repas par jour par exemple afin d’éviter d’être en surpoids, ou en observant occasionnellement un jour de jeûne, c’est une très bonne chose.

Enfin mon troisième docteur, c’est la bonne connexion entre la tête et le coeur. C’est ne pas se couper de ses sentiments et de ses émotions, c’est se permettre de les vivre en gardant un esprit clair et sans se laisser dépasser par les événements. Et bien sûr, surtout par les temps difficiles que nous vivons, cela signifie aussi de cultiver des relations harmonieuses autour de soi. C’est garder un esprit positif et savoir qu’avec sa force mentale, on peut traverser les obstacles de la vie.

Bernard Walter

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