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Défendre des services publics forts! Pour garantir l’égalité et la solidarité
Affirmer que les services publics sont utiles n’a rien d’une gageure (y compris à droite); tout le monde s’accorde pour dire que la population doit pouvoir bénéficier de certains services, même s’ils sont gérés par l’État. Si cette concordance existe dans les déclarations des un·e·s et des autres, c’est parce que la compréhension et la vision de ce que sont et de ce que devraient être les services publics sont souvent (diamétralement) différentes. Cette constatation est – malheureusement – parfois vraie aussi pour une partie de la gauche, notamment lorsqu’elle est au gouvernement et n’intervient pas ou pas suffisamment pour soutenir des investissements qui seraient nécessaires, par exemple, pour financer davantage la recherche, l’éducation ou encore les hôpitaux publics et, qui, globalement, se limite le plus souvent, lorsqu’elle le fait, à contester les attaques frontales à leur encontre.
L’impôt, source indispensable au bien communCar, nous le savons, les services publics font l’objet d’attaques récurrentes de la part des politiques de droite, et, plus largement encore, des gouvernements cantonaux, lorsque ceux-ci décident, par exemple, de baisser l’imposition sur le bénéfice des entreprises. Diminuer les rentrées d’impôts, financement indispensable au fonctionnement des services publics, est en effet la mesure la plus brutale que l’on puisse décider pour réduire in fine les prestations à la population. Si les impôts diminuent, les budgets cantonaux ou fédéraux alloués aux services publics sont réduits, tandis que les besoins de la population, eux, ne diminuent évidemment pas. Des budgets, qui, systématiquement, sous-évaluent les recettes et surévaluent les dépenses.
L’inadéquation entre les besoins et leur prise en charge devient ainsi de plus en plus importante. S’il reste aujourd’hui bien trop favorable aux classes possédantes, l’impôt participe néanmoins fortement à l’effort commun de financement des services à l’ensemble de la population.
Des services affaiblis aux dépens de la populationGarantir un accès à l’éducation, à la santé, aux transports, à l’énergie, à l’eau, au logement ou encore à l’information à l’ensemble de la population doit constituer la mission des services publics. Ce qui est un service public doit être décidé par la collectivité et ne se résume pas à cette liste; nous pouvons parfaitement imaginer que d’autres services publics, comme par exemple la distribution alimentaire, en devienne un. C’est pour garantir cet accès à toutes et tous, ainsi que leur qualité, que les services publics doivent être financés à la hauteur des besoins de la population. Nous en sommes souvent loin aujourd’hui: la pandémie que nous vivons actuellement aura fait éclater cette réalité au moins dans le domaine de la santé, une réalité tant de fois et depuis si longtemps dénoncée par les syndicats en particulier. Dans l’ensemble des secteurs des services qui sont restés publics et, a fortiori, davantage encore dans les secteurs parapublics, les moyens manquent. Ceci se traduit notamment par un manque de personnel (plus que flagrant dans les hôpitaux durant cette crise sanitaire), une pénurie de personnels qualifiés, des classes surchargées dans les écoles, des infrastructures manquantes, etc. Cette austérité plus ou moins rampante, parfois éclatante, a évidemment des conséquences sur les conditions de travail des salarié·e·s qui doivent notamment faire face à une multiplication des tâches et à une intensification de leur travail. Le lien entre les conditions de travail des salarié·e·s et les prestations qu’ils/elles peuvent délivrer à la population apparaît alors évident. L’affaiblissement des services publics en raison de manques de moyens est bien présent, avec, à la clef, la diminution de la qualité des prestations, la diminution du nombre de prestations ou carrément leur disparition ou encore l’augmentation de leur coût (pour la population) et donc la dégradation de l’accès à ces prestations. La libéralisation de plus en plus accrue des secteurs postaux, des chemins de fer ou encore de la télécommunication, l’externalisation de certains services (cantines dans les écoles, nettoyages dans les hôpitaux, sécurité dans les hautes écoles, etc.) ou carrément la privatisation de pans entiers de secteurs en sont d’autres exemples très préoccupants.
Or pour pouvoir répondre aux besoins de l’ensemble de la population, il est essentiel d’assurer la pérennité et la solidité des institutions assurant les prestations et de ne pas les exposer au risque d’être affaiblies. Dans la situation où certain·e·s (majoritaires) ne conçoivent tout système, quel qu’il soit, qu’en terme marchand et donc contraint à produire des profits, les services publics ne peuvent qu’en souffrir. Incompatibles avec la mise en concurrence ou une quelconque rentabilité financière, de par la mission qu’ils doivent exercer, il est indispensable que ceux-ci ne dépendent pas du marché.
Une lutte offensive en faveur de services publics est nécessaireIl apparaît dès lors patent que la lutte syndicale et politique (et donc citoyenne) pour non seulement défendre, mais aussi renforcer les services publics est essentielle. Se battre contre les mesures d’austérité et pour plus de moyens dans les services publics, une augmentation des effectifs, une revalorisation salariale (notamment pour les professions féminisées), mais aussi une reconnaissance générale de l’importance de la tâche effectuée pour la collectivité, c’est aussi se battre contre les privatisations et pour une réappropriation de certains secteurs par la collectivité. Parce qu’ils sont nécessaires à toutes et tous et qu’ils n’excluent personne, les services publics doivent être défendus par toutes et tous, pour la solidarité et l’égalité.
Cora Antonioli, enseignante et vice-présidente
du Syndicat des Services Publics (SSP/VPOD)