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Les poètes ont souvent, peut-être même toujours, raison… avec des lustres d’avance. Paul Eluard a écrit et publié clandestinement Liberté en… 1942, sous l’Occupation. Publication reprise presque aussitôt en Grande-Bretagne. La RAF ira jusqu’à en parachuter des milliers d’exemplaires sur la France occupée. Métaphore heureuse, la liberté nous tombe du ciel… mais qu’en faisons-nous?
La pandémie, tombée d’on ne sait trop où, mais ce n’est pas un hasard, a mis à rude épreuve l’exercice de la liberté individuelle, même pour les heureux habitants de nos démocraties plus ou moins démocratiques. Certains gouvernements ont pris des mesures jugées liberticides. Les grands mots sont lâchés; liberticide, vraiment?
C’est évidemment une question de point de vue. Reconnaissons cependant que l’emploi d’expression telle que couvre-feu par exemple a été au mieux, maladroite, au pire, anxiogène. Serait-ce à dire que de nos jours, tout ou presque se résume à une affaire de communication? C’est souvent le cas. Les «restrictions» et leurs conséquences sont certes embêtantes à suivre.
Mais, la liberté, elle, comment va-t-elle? Est-elle en danger? Oui bien sûr. Pour autant, est-ce que porter un masque constitue une atteinte à notre liberté? Est-ce que les divers degrés de confinements touchent à notre liberté? La réponse est dans la question. De fait notre liberté n’est en rien diminuée, mais nos libertés en revanche sont, elles, mises à mal. On attribue à Benjamin Franklin la paternité de la phrase prononcée par le président Franklin D. Roosevelt dans son discours sur l’état de l’Union en 1941: «Ceux, qui abandonneraient leurs libertés essentielles pour se procurer une petite et éphémère sécurité, ne méritent ni l’une ni l’autre.»1. Nous voilà avertis. Roosevelt faisait alors face à une autre sorte de menace, bien plus terrifiante et mortifère que notre covid-19.
Pourtant, aujourd’hui ce questionnement fait sens. Nous avons à décider sérieusement, raisonnablement de l’attitude personnelle que nous adopterons. Serons-nous des citoyens responsables? Serons-nous d’inflexibles râleurs? Serons-nous des libertaires absolutistes? Serons-nous des Hommes? Est-ce que m’ordonner de me confiner constitue une restriction à mes libertés essentielles? Toute la question réside dans cet «essentiel». Où mettre le curseur de l’essentiel? Chacun de nous le mettra là où il pense qu’il doit être mis. Mais, où qu’il soit placé, il y a l’essentiel personnel et l’essentiel collectif. Ils ne sont pas identiques. Le problème se déplace, va du personnel au collectif, de «Moi» à «Nous». La liberté ne se divise pas, ne s’achète pas, ne se vend pas, ne se soumet pas, mais elle se partage. Les libertés elles, disons qu’elles s’accommodent, se plient, se gardent, disparaissent, reviennent, se concèdent, vont et viennent, mais ne se partagent pas.
À bon entendeur…