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Octobre 2020
Racisme: il y a aussi les Arabes et les Africains
Auteur : Augustin Skrapits

La traite négrière de 42 millions d’Africains, décrite comme étant le pur produit du racisme et de l’esclavagisme des Blancs, a été promue essentiellement, dès le 7e siècle, par des Africains et des Arabes. Elle est largement fondée sur un racisme intra-africain qui perdure encore et fait de l’autre tribu, l’autre clan, l’autre ethnie, le sous-humain qu’il est légitime d’asservir ou de tuer. Souvenons-nous, par exemple, des Hutus du Ruanda, si peu racistes envers les Tutsis qu’ils en ont liquidé 0,8 million en 3 mois avec des moyens dérisoires: une performance en la matière!

Il faut savoir que la plus grande partie des personnes destinées à la traite étaient capturées lors de razzias ou au gré d’innombrables guerres tribales, par des négriers africains, les Blancs ne s’aventurant guère à l’intérieur du continent avant le début du 19e siècle. Les captifs étaient fournis, sur ordre de différents potentats avides d’armes, de tissus et de produits manufacturés européens, à des comptoirs situés sur les côtes africaines où se déroulait l’essentiel des échanges.

En admettant qu’un négrier africain en moyenne soit nécessaire à la razzia, au gardiennage, au convoyage et à l’intendance de 10 captifs réduits en esclavage, il advient qu’au moins 4 millions d’Africains ont été impliqués à divers titres dans la traite négrière. Un petit calcul sommaire de leur descendance (11 générations depuis de Pury) permet d’affirmer que la plupart des personnes d’origine africaine vivantes actuellement ont une probabilité non négligeable de compter un ou plusieurs négriers parmi leurs ancêtres. Cela devrait les inciter à plus de retenue avant de vociférer à tout va lors de manifestations, toujours persuadées qu’il n’y a de racistes et d’esclavagistes que les Blancs. (L’argument peut, par ailleurs, être appliqué de la même manière aux négriers blancs et aux 11 millions d’Africains de la traite atlantique dont ils ont été responsables, avec une conclusion identique pour les Blancs.)

Dans le monde arabo-musulman, un silence coupable a toujours recouvert le martyr des peuples noirs.
– Tidiane N’Diaye

David de Pury n’était sans doute pas blanc-bleu en ce qui concerne la traite atlantique et les lignes qui précèdent ne l’excusent pas, mais de là à le déboulonner (pour le remplacer par Tilo Frey peut-être?) et barbouiller sa statue est risible et insignifiant au regard des vrais racismes et esclavagismes à combattre aujourd’hui, ceux, entre autres, des Hutus et Tutsis en RDC, qui financent leurs guerres grâce à l’extraction du Coltan par leurs esclaves. Nos portables sont de plus en plus dégoulinants de sang! («RDC Un millions de déplacés», Arcinfo, 1.7.2020)

Nous n’avons aucune raison de nous sur-adapter à la vision biaisée du racisme et de l’esclavagisme que certains veulent à tout prix nous présenter. Nous imposer des politiquement correctes «têtes au choco» ne nous empêchera pas de manger des «têtes de nègre» et nous n’en concevrons pas plus de scrupules que de déguster des «têtes de moine»!

Et je recommanderais au lecteur curieux et dubitatif: Marcel Dorigny & Bernard Gainot: «Atlas des esclavages: Traite, sociétés coloniales, abolition de l’Antiquité à nos jours», Editions Autrement, Paris 2006.

Augustin Skrapits, Le Locle

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