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Nous avons eu, en Suisse romande, notre lot de nazillons et, s’il n’y a aucune fierté à en tirer, les ignorer serait faire preuve de lâcheté. L’écrivain Yves Laplace, après avoir évoqué la figure de Georges Oltramare dans un superbe roman (d’ailleurs couronné du Prix Alice Rivaz, Plaine des Héros, Fayard, 2015) nous rappelle cette fois au «mauvais souvenir», si j’ose dire, d’un certain George Montandon, médecin neuchâtelois, né à Cortaillod, dont, je l’avoue, j’ignorais jusqu’à l’existence.
L’auteur, tout en nous remettant Montandon et la triste époque de Vichy en mémoire, trace quelques troublants parallèles avec des figures contemporaines du terrorisme, ou des caractères romanesques intemporels tels ceux que pouvait décrire Marguerite Duras dans L’amant de la Chine du Nord (réécriture de L’Amant après la sortie du film). L’entreprise est risquée, mais pas sans courage, cependant suffisamment rare dans la production littéraire pour que l’essor s’en fasse l’écho.
L’exploration des ténèbres dont ce récit, à la fois rigoureusement historique et romanesque, juxtapose diverses ères qui s’y croisent, apporte au lecteur un constant balancement entre les personnages réels et fictionnels qu’évoque Yves Laplace. Si l’exécrable Montandon glisse du communisme humaniste à l’antisémitisme le plus rude, passant par l’admiration vouée à Céline, cette trajectoire se répète, presque à l’infini hors de «l’abri du nazisme», jusqu’à notre époque sans perdre, hélas, de sa brutalité. Un livre à l’écriture très soignée qui nous aidera à comprendre notre temps.
Marc Gabriel