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Décembre 2020
Le grand retour des Bourbakis
Auteur : Rémy Rochat

L’Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine de la Vallée de Joux se porte bien. Ainsi le covid-19 n’a-t-il eu qu’une faible incidence sur ses activités et ses projets de l’année 2020-2021.

Il y a parmi ceux-ci la commémoration du 150e anniversaire du passage des 11’000 Bourbakis à la Vallée les 1er et 2 janvier 1871. Précédant cette commémoration, un grand concours Bourbakis est organisé à la Vallée de Joux du 1er octobre au 31 décembre 2020, ouvert à toutes et à tous.

Cet événement sera ou tout au moins pourrait être aussi célébré à Vallorbe, avec un accueil de plus de 28’000 hommes et de 500 chevaux, à Sainte-Croix, avec l’arrivée de 13’000 soldats et bien entendu aux Verrières, avec le formidable défi de recevoir 34’000 réfugiés.

Cette Armée de l’Est en déroute est bien oubliée aujourd’hui. Surtout par les médias et historiens français qui n’en ont même pas fait mention dans les émissions actuelles consacrées à la guerre franco-allemande de 1870-1871.

Guerre elle aussi longtemps occultée, sorte de trou de mémoire d’un siècle et demi à propos d’une confrontation dont la France sortit vaincue. Alors même que ce conflit eut des répercussions telles que nous n’en sommes pas remis aujourd’hui. Sachons ainsi que l’esprit de revanche dominait la France après sa cuisante défaite face aux armées allemandes, prussiennes en majorité, ce qui conduisit à la guerre de 14-18 où l’on retrouva les frontières antérieures à 1871. Même état d’esprit pour l’Allemagne après 1918, duquel découla au final la guerre traumatisante de 39-45, avec la naissance d’une Europe durablement coupée en deux.

Les Bourbakis, tel fut le nom que l’on donna aux soldats de l’Armée de l’Est placés sous les ordres du général de ce nom, lequel dut subir défaites sur défaites, et bientôt attenter à sa vie pour sauver l’honneur. Mais à ce sujet, il est tout de même curieux qu’un militaire passé maître dans le maniement des armes ait pu se manquer!

Les plus célèbres des soldats de cette armée au sort éminemment tragique, étaient ces fameux Zouaves, soldats venus tout droit des régiments africains, avec leurs tenues fameuses que les artistes ont volontiers reproduites dans leurs œuvres gravées ou peintes. On peut aussi les retrouver sur le grand panorama peint par Edouard Castres1, depuis longtemps exposé dans le bâtiment de ce nom à Lucerne. Tunique admirablement dessinée, pantalons rouges dans lesquels ont aurait pu facilement trouver le tissu pour l’uniforme complet de trois hommes, guêtres blanches et souliers de l’époque, tels ils étaient. Et c’est sous ce costume qu’une part non négligeable de cette Armée de l’Est devait passer par la Vallée. Il est évident que l’exposition qui sera consacrée à ce tragique défilé de militaires après qu’ils aient traversé le Risoud, verra le retour des Zouaves que nos vieux Combiers ne purent jamais oublier.

Un épisode à ne pas négliger de notre histoire locale, en même temps que nationale, puisque des réfugiés furent accueillis dans nombre de communes de Suisse romande tout d’abord, puis de Suisse allemande, et cela jusqu’aux derniers confins de notre territoire.

Rémy Rochat


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