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Si vous n’avez pas encore lu ce livre 1, rédigé par une cinquantaine d’intellectuel·le·s de chez nous et publié aux Éditions d’En Bas, n’attendez plus. Ils, elles expriment tous, toutes, le vœu de bifurquer. On pourrait résumer cela par cette phrase relevée dans la contribution de Philippe Roch: «Je crains qu’à la sortie de la pandémie nous nous précipitions pour recréer le monde d’avant, celui de la croissance et de la compétition, des déchets, du gaspillage des ressources, de la destruction des écosystèmes et des grandes disparités sociales et que l’on oublie nos questionnements sur le sens de la vie et les leçons de modération et d’entraide, de bonheur simple et d’émerveillement que nous aura donné cette épreuve collective».
Si je me suis amusé de deux coquilles et de lire, sous la plume de Jean-Pierre Ghelfi, que l’un des professeurs très écouté de notre temps s’appelle Thomas Piquette, comme un mauvais vin et sous la plume de Jean-Claude Rennwald que la mondialisation nous avait conduit à une diminution des revenus du capital par rapport aux revenus du travail, je suis reconnaissant à ces deux camarades de faire aussi des propositions qui me tiennent à cœur et que j’ai proposées en septembre.
Ghelfi propose de retourner à des impositions très progressives pour les hauts revenus comme celles pratiquées aux USA. Elles avaient atteint un taux maximum de 91% lors de la dernière guerre mondiale et étaient encore de 70% en 1964. Au Royaume Uni, c’était encore 83% à la fin des années 70. Rennwald préconise la semaine de 32 heures en donnant de nombreuses bonnes raisons. J’en préconise 30 pour d’autres raisons encore: l’arrêt de la fabrication de gadgets qui ne servent qu’à enrichir les plus malins et à remplir nos poubelles et pour une organisation différente du travail: il s’agirait de ne travailler que 6 heures par jour, de 7 à 13 heures ou de 13 à 19 heures. Cela permettrait à un couple de travailler, l’un le matin, l’autre l’après-midi. Les travaux domestiques seraient mieux répartis, nous atteindrions plus vite la parité homme-femme, le plafond de verre serait définitivement crevé.
Lisa Mazzone propose aussi une diminution drastique de l’utilisation de l’aviation. Comme moi, elle fixe à 1000 km la distance qui peut justifier l’utilisation de ce transport en remplacement du train. Elle en limite aussi les heures de vol entre 7 et 22 heures et demande que ces compagnies payent, comme toutes les autres, la TVA et l’impôt sur les carburants.
Ce livre fourmille de propositions plus intelligentes les unes que les autres. Peut-être sont-elles trop souvent exprimées en termes de souhaits et pas assez en formes de propositions concrètes auxquelles les autorités, les citoyens et citoyennes auront à répondre oui ou non. Merci.
Pierre Aguet,
ancien conseiller national