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Août 2019
Capitalisme et social-démocratie
Auteur : Hans-Peter Renk

Réponse à François de Vargas sur le capitalisme et la social-démocratie

Dans son article La fin du capitalisme ? (l’essor de février 2019), François de Vargas estime non utile d’espérer la fin du capitalisme, au contraire de Jean Ziegler. Il termine son texte par un éloge de la social-démocratie.

Or, depuis 1943 (date de l’entrée par la petite porte du Parti socialiste au Conseil fédéral), la social-démocratie a bel et bien été récupérée par le patronat. N’en déplaise à François de Vargas, qui semble ne pas s’apercevoir que des projets anti-sociaux sont défendus par des conseillers fédéraux provenant du parti Socialiste suisse. Ainsi, Ruth Dreifuss a défendu le passage de l’âge de la retraite des femmes de 62 à 64 ans. Alain Berset avait présenté un projet (Prévoyance vieillesse 2020) faisant passer cet âge à 65 ans et il récidive avec un projet similaire (AVS 21), qui sera assurément soutenu par toute la droite parlementaire. Simonetta Sommaruga, durant son mandat au Département de justice et police, a défendu le durcissement des conditions du droit d’asile, tout en ayant le front d’affirmer que la «tradition humanitaire» de la Suisse n’en était pas affectée.

Les privilégiés n’osant plus dire «cela est juste», disent «cela est inévitable». L’ordre social actuel est condamné par la conscience de tous.
– Jean Jaurès, 1895

Dans le canton de Neuchâtel, où je vis depuis 2005, nous avons en alternance au Conseil d’Etat une coalition PSN/PLR et PLR/PSN. Lorsque le PSN était majoritaire, y a-t-il eu un changement de la politique gouvernementale? Pas du tout! En 2011, le ministre des finances Jean Studer a lancé une «réforme fiscale» baissant l’imposition des multinationales et des holdings et, cette année, son successeur, Laurent Kurth, a lancé une autre «réforme», baissant encore cette imposition. À quand la prochaine «réforme»? Au nom de la sacro-sainte concurrence fiscale entre cantons, qui bafoue l’égalité citoyenne devant l’impôt…

Cette politique a débouché sur des plans d’austérité et d’économie, qui touchent les couches les plus défavorisées de la population et les conditions de travail dans la fonction publique. Quant à la liberté d’expression des travailleurs en régime de capitalisme privé, François de Vargas devrait demander l’avis d’un délégué syndical licencié, il y a quelques années, par un groupe de presse préparant une restructuration afin de l’empêcher de défendre ses collègues. Ou aux grévistes de l’Hôpital de la Providence, licenciées par leur patron pour avoir voulu défendre la convention collective régissant leurs conditions de travail.

La question de savoir s’il faut fusiller les capitalistes est puérile. Comme l’affirmation que Marx «n’a pas dit qu’il fallait abolir le capitalisme». François de Vargas devrait citer ses sources. Connaît-il la pensée de Marx? J’en doute…

Hans-Peter Renk

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