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Dans À hauteur de conscience, Nicholas Bennett rapporte ses expériences de quarante années de travail dans le domaine du développement en Asie et en Afrique. Son récit est passionnant. À la fois critique de la coopération internationale et histoire de vie, l’ouvrage est tissé de réflexions et d’exemples vécus.
Durant toute sa carrière, Bennet a essayé de comprendre les plus pauvres et de répondre à leurs besoins à travers de réformes de l’éducation qui leur apportent des éléments utiles à leurs tâches quotidiennes, tout en s’efforçant de permettre aux enfants les plus brillants de continuer leur scolarité. Il parcourt les villages – en Asie et en Afrique – pour travailler avec les maîtres d’école, développer des programmes scolaires utiles aux paysans, abandonner les manuels qui parlent de choses que les enfants n’ont aucune chance de voir dans leur vie, enseigner dans leur langue maternelle pour qu’ils en restent fiers. Pour cela, il a réussi à amener les plus hauts responsables jusque dans les campagnes de leur propre pays afin de leur faire découvrir la réalité du « terrain ».
Son engagement infaillible au service des plus pauvres signifie aussi vivre dans les mêmes conditions qu’eux, essayer d’abord de les comprendre avant de tenter de répondre à leurs besoins. Il refuse la charité qui engendre de nouveaux besoins. Avec cette approche, on comprend qu’il n’arrive pas avec des solutions toutes faites. Au contraire, il a pris des risques physiques et professionnels engageant aussi sa famille. Sa femme et ses 4 enfants vivaient en effet avec lui dans les régions les plus reculées. Au Népal, il doit construire des latrines dans le village où il travaille ; en Thaïlande, il cache des étudiants qui ont manifesté et qui risquent d’aller en prison ; en Éthiopie, il démissionne parce que la Banque mondiale continue à donner de l’argent alors que le pays veut conquérir l’Érythrée. Partout il voit qu’avec les meilleures intentions possibles, notre aide fait souvent plus de mal que de bien.
Partout, Bennett a défendu les droits humains et promu la non-violence. La réflexion qu’il développe montre qu’à travers la coopération au développement, les pays occidentaux projettent leurs manières de voir et de vivre et contaminent des sociétés entières.
Son livre aborde de nombreux thèmes : les stratégies de développement, l’éducation, la corruption, les droits humains, mais aussi la télévision, les fêtes, les déplacements et les repas partagés avec les plus pauvres. En fin de compte, un ouvrage qui relève à la fois des Sciences de l’éducation, de la coopération au développement, de la sociologie et de l’anthropologie… qui intéressera plus d’un lecteur.
Mais en résumé : une conscience infaillible, un courage dans des conditions de vie très pénibles, une générosité exemplaire, et une analyse impeccable de la situation, voilà ce qui fait la valeur de cet homme et de ce livre.
Lu pour vous, par Mario Bélisle