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Suite à la magnifique manifestation féminine du 14 juin, qui a permis de soulever toutes sortes de réflexions sur la «sororité», la mise en lumière de nombre de difficultés existentielles des femmes d’ici et d’ailleurs, on est dans l’obligation de se reposer encore et encore de multiples questions sur l’ensemble et la base de la situation.
Après une à deux générations de citoyens qui sont informés, grâce à la recherche scientifique, que nous sommes, tous, imprégnés d’hormones mâles et femelles, dans des proportions qui varient chez chaque individu dès la naissance et tout au long de sa vie, il serait grand temps que ces connaissances soient enfin prises en considération.
Chaque bébé arrive au monde avec un capital hormonal des plus variables, parfois tout à fait clair quand à la définition du masculin et du féminin, parfois beaucoup moins. Et en grandissant, toutes sortes de nuances peuvent apparaître, posant de nombreuses questions pour l’adolescent sur sa position sur le curseur entre les deux termes du yin et du yang. N’oublions pas que l’ajout dans l’air, l’eau, la nourriture, les médicaments d’une kyrielle de perturbateurs endocriniens complique encore sensiblement l’affaire. Aussi, penser encore aujourd’hui à ostraciser des individus en fonction de leur prévalence hormonale est un non-sens complet: comme s’ils avaient «choisi» quoi que ce soit… Imaginons un instant les parties du logo ying et yang se battre pour savoir qui est le dominant, le dominé, l’important et le secondaire? On frise le ridicule.
Reste une autre facette du problème qui mériterait qu’on s’y attarde: chacun sait, à sa manière, que la vie quotidienne n’est possible qu’avec une proportion non négligeable de «care», encore un anglicisme pour parler de soins, d’entretien journalier: on pense bien sûr aux multiples tâches des soins aux enfants, aux personnes âgées, aux malades, à tous les proches, à soi-même aussi. Il suffit d’observer le prix que cela représente dès que ce sont des institutions qui s’en occupent. Donc tout le travail de soins dispensé essentiellement par les femmes dans les familles est systématiquement considéré comme gratuit. Cela explique en grande partie leurs situations, leurs retraites, difficiles en général.
Ce travail, indispensable pour faire marcher l’économie et assurer le quotidien immédiat, n’entre pratiquement pas dans les calculs de gestion de l’économie, alors qu’il devrait être comptabilisé d’une manière ou d’une autre comme temps prévalant pour permettre le travail rémunéré, être considéré comme le liant indispensable pour faire «tourner la boutique». Ce travail gratuit est pourtant à la base de la vie, du renouvellement de la société, de l’humanisation de l’ensemble. Tant que cette partie précieuse, pour ne pas dire indispensable de la construction des sociétés, ne sera pas prise en compte, les charges, les soucis, l’injustice faite aux femmes ne trouveront pas de solutions viables.
En attendant cette prise en considération, on pourrait au moins espérer que les femmes soient enfin débarrassées de leur position d’infantilisation, d’objets de possession, de ce manque de reconnaissance qui leur sont tant manifestés. L’égalité de salaire est un bon point, déjà difficile à atteindre, tant les privilèges se défendent de toutes leurs forces, mais reste le fond du problème: le rapport entre rémunération et gratuité, sachant que c’est en fait la gratuité qui sert de socle à l’ensemble.
Edith Samba