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Août 2016
Suicide de l’Occident, suicide de l’humanité ?
Lu par : Rémy Cosandey

Suicide de l’Occident, suicide de l’humanité ?
Michel Rocard
Flammarion
2015

L’ancien Premier ministre français, qui est récemment décédé, a rédigé un ouvrage de plus de 400 pages qui est en quelque sorte son testament politique. Au cours de sa vie publique, il a toujours pris soin de conjuguer action et réflexion, engagement politique et travail idéologique. Avec sa grande connaissance des gens et des problèmes, il a analysé objectivement les évolutions de la société occidentale. Aujourd’hui, son constat est sans appel: notre société est en train de se suicider.

La liste de ses inquiétudes peut se résumer en trois points: la spéculation et la cupidité ont asphyxié l’économie; la marchandisation étouffe l’humanité; le ravage de la niche écologique menace la vie. Mais le précipice a beau s’approcher dangereusement, nous continuons allègrement notre marche vers l’effondrement.

Michel Rocard n’hésite pas à aborder les thèmes les plus divers. Quelques titres des différents chapitres de son livre: la mort lente du politique; le monde malade de l’argent; le Dieu Marchandise; déshonneur d’une profession: la banque; comment meurent les sociétés. L’analyse est sans complaisance et fait douter de la capacité des humains de préserver l’avenir.

«Toutes les menaces évoquées dans ce livre, qu’elles concernent la violence, le climat, le désordre financier, le chômage, la précarité ou le mal de vivre, ont des causes distinctes les unes des autres. Mais elles interfèrent et se cumulent. L’humanité n’échappe pas à la nécessité de les traiter toutes à la fois et même en fonction les unes des autres. Il faut arriver à ce que les résolutions spécifiques de chacune d’elles n’aient aucun effet collatéral négatif aggravant telle ou telle autre». Ces propos de Michel Rocard montrent bien la vision globale de l’homme. L’auteur insiste sur le fait qu’il faut instituer l’art de vivre ensemble. «De la même façon que peuples et nations sont inextricablement liés les uns aux autres, les êtres humains au sein d’une société sont inévitablement entremêlés. L’existence et le bien-être de l’un ne peuvent être indépendants de la société dans son ensemble en ce qu’elle offre un cadre de vie, les moyens de la réussite, une éducation, un espace de sociabilité et de sécurité physique, intellectuelle et juridique».

Et sa conclusion est sans équivoque: «Comment continuer à accepter les règles de la société quand celle-ci est génératrice de situations aussi inégales et injustes?»

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