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Imaginez, la guerre devient la paix et vice versa. Le prolifique Jean-Claude Carrière l’a fait pour nous et le résultat est aussi surprenant qu’édifiant. Nous apprenons une foule de choses tout au long de ces pages qui fourmillent de passionnantes informations historiques. Les origines des conflits et des paix qui les précèdent et les suivent… et cette question obsédante: pourquoi sommes-nous si fascinés par la guerre?
«Ceux qui chantaient l’Internationale se faisaient agresser par les partisans du conflit». …«A l’exception des socialistes, des deux côtés, qui montraient une louable lucidité et s’acharnaient – mais en vain – à dire que les problèmes véritables ne se régleraient pas sur un champ de bataille (ils ne s’y sont jamais réglés), très rares furent ceux qui entrevirent l’hécatombe et qui crièrent: «Halte-là!»… Jean Jaurès fut assassiné, tout juste avant le début de la guerre. Et Rosa Luxembourg aussi, mais plus tard, en 1919, alors que la guerre était terminée. Tous les deux victimes de guerre – ou de paix.»
Le constat est là, et il est terrible. Les va-t-en-guerre de toutes nations ou provinces devraient lire ce livre, précieux et libératoire. Quand on y pense un peu, on ne peut s’empêcher de constater à quel point tout ce qu’écrit Jean-Claude Carrière dans ce livre paraît évident. Tout cela a beau être évident, ça n’empêchera aucun imbécile de faire mumuse avec les jouets qu’il aura acheté pour trucider son voisin. Et pourtant, il faudrait faire lire cet ouvrage à tous les soldats du monde, il devrait être distribué dans toutes les armées, qu’elles soient dites de «libération» (un comble) ou pas.
L’auteur s’étonne, et nous avec lui, de ce que ce qui est glorieux désigne les hauts faits guerriers, jamais la gloire ne daigne s’intéresser aux artisans de la paix. «En revanche, quel héros de la paix – à l’exception heureuse de Gandhi – pourrions-nous citer, raconter, vénérer, statufier? Parlerions-nous de ses «exploits», de son «héroïsme»? Très rarement.»
De quoi réfléchir en tout cas et j’ajoute que ce livre réjouissant constitue une formidable réponse aux Eric Zeymour et autres nostalgiques de la grandeur belliqueuse (et fanée) de nos vieilles nations européennes en général, de la France en particulier, qui avec MM. XIV et Napoléon ont été de rudes assassins.