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Que dire des scandales internationaux qui se succèdent sans que rien ou presque ne change. La presse en fait ses gros titres pendant cinq à dix jours et puis on passe à autre chose. Il y a eu les Offshoreleaks, les Luxleaks, les Swissleaks, les Panama Papers, et les Bahamasleaks. Des milliers de sociétés et de personnages importants ont été cités publiquement, mais rien ne s’est passé. Se souvient-on encore du conseiller fédéral Schneider-Ammann et ses comptes dans les paradis fiscaux, des deux candidats à l’élection présidentielle américaine qui ont leurs comptes secrets dans le Delaware, d’un membre du comité américain de Transparency-International qui en cache un au Panama, du ministre des finances d’Islande, président du parti de l’indépendance qui a privatisé tout ce qui pouvait l’être dans son pays de 320'000 habitants? Lors des élections du 30 octobre 2013, nous avons espéré que les Panama Papers auraient une petite influence. Il n’en a rien été. Ou encore du violoncelliste M. Roldougine qui prête son nom à Poutine pour gérer son immense fortune personnelle? Entre autres…
Des quantités de données ont été transmises à 400 journalistes de 80 pays dans le cadre des Panama Papers. Ils ont su garder le secret jusqu’au 4 avril de cette année, date fixée par l’ICIJ (Consortium international de journalistes d’investigation) pour lancer ensemble ces informations au public du monde entier. Les données obtenues d’un seul des centaines de bureaux d’avocats, celui de Mossak-Fonseca, représentent en octobre 8,2 millions de documents. Parmi les personnes citées, il n’y avait pas moins de 1000 Suisses. La Suisse et Genève en particulier sont même tellement actifs dans ces sales affaires que Ramon Fonseca vient de reprendre la direction de sa succursale de Genève.
Pourquoi ouvre-t-on une société offshore si ce n’est pour cacher un forfait, de l’argent mal acquis ou pour éviter de payer des impôts? Ces sociétés sont légales. Elles se développent. Mais elles ont un ayant droit réel et un ayant droit fictif. Ceci n’est pas légal. Les journalistes allemands qui ont conduit une partie importante des investigations sont allés trouver une petite dame qui vit dans un quartier plutôt pauvre de la ville de Panama. Madame Leaticia Montoya-Moran reçoit environ 400 $ par mois de Mossak-Fonseca pour prêter son nom à diverses sociétés. Née en 1953, elle sait à peine l’anglais. Ce qu’elle a appris lors de cette rencontre, c’est que son nom se retrouve dans 25'000 postes de direction et qu’elle est directrice de 3143 sociétés écrans.
Indignez-vous…
Pierre Aguet
Ancien conseiller national