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Décembre 2015
Un système plus social et plus humain
Auteur : Hector Salvador, Bernard Walter

Hector Salvador Vicente a 34 ans. De nationalité catalane, il a suivi le cours de théâtre Lassaad à Bruxelles. Il est au départ ingénieur, et a bifurqué du côté des arts, travaillant comme clown musicien, soit pour les enfants à l’hôpital, soit lors de spectacles de rue.
Bernard Walter

Le monde est trop grand pour moi, pour que je puisse en avoir une idée globale. Il y a plein de choses qu’on ne connaît pas, et on est très influencé par l’éducation qu’on a reçue. J’ai baigné dans un monde capitaliste, et ma vision en est dépendante, même si je ne me considère pas comme ayant une mentalité capitaliste. Je vois le monde fragmenté, avec d’un côté notre monde européen et nord- américain qui veut nous faire croire que son mode de pensée est universel. Et puis il y a le monde asiatique, en particulier la Chine, qui commence à se réveiller, en adoptant le système économique occidental. Après je vois l’Afrique, qui est forcée de s’aligner sur ce système capitaliste, ce qui ne colle pas du tout avec la culture, le mode de vie et le niveau de vie des gens. Dans certaines ethnies, le mot «possession» n’existe même pas. Et après, il y a l’Amérique du Sud, et là, c’est une toute autre façon de voir les choses.

Dans tout cela, la question culturelle est primordiale. On trouve partout encore des cultures locales, il y a là une richesse qu’il faut préserver.

Alors il faut résister à un monde uniformisé. C’est à partir de ce que sont les gens, les pays et les cultures qu’il faut changer les choses. Ce qui est une menace pour la diversité culturelle, c’est la mondialisation par la technologie.

Prends garde de laisser passer la jeunesse sans lui avoir donné ce qu'elle réclame; c'est la jeunesse qui sème pour la vie la moisson du cœur sans laquelle on n'a pas vraiment vécu
Henri-Frédéric Amiel (1851)

A l’époque, il y avait des chants qui accompagnaient les activités de la campagne par exemple. Cela a été remplacé par les machines technologiques. En Amérique du Sud et en Afrique les cultures locales sont encore fortes. Quant à l’Asie, je ne sais pas. Après il y a le rôle des religions dont il faudrait parler: comment on tord le message premier des religions, comment on utilise les religions pour rassembler les gens autour d’une idéologie.

Et sur le plan politique, tu vois comment les choses?

Je vois l’Otan, les Etats-Unis, qui sous couvert de démocratie, sont encore dans des pratiques coloniales. La guerre en Irak en est l’exemple le plus clair. Partout où les Etats-Unis voient leur intérêt, ils interviennent, sinon, ils ne bougent pas. Mais en Amérique du Sud, les choses sont en train de changer, les gens refusent les dictatures. Quant à l’Afrique, elle est toujours l’objet d’un pillage général.

Et alors dans vingt ans, comment seront les choses?

Je pense qu’on va avoir un renversement de pouvoir entre les Etats-Unis et la Chine.

Alors le monde en général sera le même, avec juste un transfert de pouvoir?

J’ai l’impression que oui, parce que la capitalisme n’a encore pas tout dévoré, et que les Chinois ont envie de ce mode de vie, ont envie de leur part du gâteau. Quant à l’Afrique, elle n’aura que les miettes. Et la situation chez nous risque de se péjorer.

Pour moi, mon inquiétude au niveau mondial, c’est ce qui se passe avec Israël. On laisse faire à Israël ce qu’il veut, et ça, c’est une nourriture pour les radicalismes islamiques, et une vrai menace pour la paix dans le monde.

Et le monde, tu le voudrais comment?

Je voudrais pour le monde un autre système économique que le capitalisme. Un système plus social et plus humain. Et que les ressources soient partagées entre tous. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi 20% des gens possèdent 80% des biens, c’est incroyable. J’aimerais que le monde ne soit plus sous la loi du marché. Et que des lois empêchent les gens d’accumuler des fortunes personnelles. J’aimerais un salaire universel pour que chacun puisse vivre, et que chacun puisse choisir son travail, faire dans la vie ce qu’il a envie de faire. Et que l’éducation pousse les enfants à voir où est leur potentiel et vers ce qui pourra les rendre heureux.

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