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Juin 2015
Malaise dans l'inculture
Lu par : Bernard Walter

Malaise dans l'inculture
Philippe Val,
Editions Grasset,
2015

Dans ce livre qui vient de paraître, Philippe Val règle ses comptes avec le monde, en 300 pages d'une écriture brillante et limpide. En fait, il s'agit d'une longue diatribe contre à peu près tout ce qui va dans le sens de la gauche critique et de l'écologie. Philippe Val, avec un certain panache, fait flèche de tout bois, sans craindre de présenter des jugements purement subjectifs comme des vérités indiscutables.

Son livre est, entre autres, un véritable pamphlet à la gloire de l’argent et des riches. Val voue aux gémonies tout ce qui va dans le sens de la critique du système financier d’aujourd’hui. «Vae victis», disaient les Romains dans l’Antiquité, «malheur aux vaincus».Val dit aujourd’hui «Vae pauperibus», «malheur aux pauvres».

Philippe Val sait tout. Et comme il sait tout, il n'ouvre la porte à aucun débat. Ses ennemis principaux: les sociologues, les écologistes, Jean-Jacques Rousseau (40 pages pour le réduire à néant!), les pauvres. Le tout sur un ton à la couleur parfois méprisante, voire haineuse. Quelques citations, fidèle reflet de l'ensemble, en diront plus qu'un long discours.

«Rousseau célèbre déjà ce qui nourrira le discours anticolonial encore en vogue aujourd'hui dans la gauche radicale: l'appropriation, par le colonisé, de la culture du colonisateur. /Pour eux / un Sénégalais, un Algérien, un Indochinois qui lit Proust ou écoute Vivaldi (...) est un traître manipulé.» «Visionnaire, Rousseau? Oui. Il a inventé le Soviet suprême et l'avant-garde éclairée du prolétariat.» «La haine de l'argent raconte toujours la haine de la liberté. L'argent est ‘libératoire’». «La plupart des gourous qui appellent de leur voeux un monde pur et sans injustice sont des avares pathologiques.»

À propos des «décroissants» qui osent s'en prendre aux OGM, au nucléaire, à la recherche sur le gaz de schiste, aux aéroports, Val écrit: ce sont «des gens qui considèrent comme des criminels ceux qui ne se convertissent pas à leur vision d'un monde décroissant. Et ils sont d'autant plus fanatiques de leur conception qu'ils n'y croient pas une seconde.»

«Le journalisme nous présente une scène binaire sur laquelle s'affrontent deux camps: le bien et le mal». (Étant entendu que Philippe Val ironise ici sur ce que sont le bien et le mal). Le mal, c'est l'Amérique, Israël, (…) la notion de progrès. Le bien, c'est les «peuples» du Tiers-monde, la Palestine, la nature comme valeur,… les Américains antiaméricains, les Juifs antisémites,… les médecines douces qui combattent les laboratoires…».

Rappelons que Philippe Val a été à la tête de Charlie Hebdo durant 17 ans, de 1992 à 2009. Il a fait publier les «caricatures de Mahomet» en 2006. Son livre est «dédié à la mémoire de Jean Cabut, dit Cabu», dessinateur mort lors de la tuerie de Charlie Hebdo.

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