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Josiane Jemmely est un exemple de parfaite intégration. D’origine camerounaise, elle s’est complètement adaptée à son pays d’adoption, sans renier pour autant ses racines africaines. Elle est notamment députée au Grand Conseil neuchâtelois. Nous la laissons se présenter et parler de son parcours et de ses convictions.
Pour moi, l’intégration est le fait de se sentir et vivre en phase avec la société d’accueil. Faire sienne la culture du pays d’accueil tout en gardant ses racines.
Je suis arrivée en suisse en 1994 pour rejoindre mon ami qui, par la suite, est devenu mon époux. Au bénéfice d’un bac A4 et avec une expérience dans le domaine social acquise dans mon pays d’origine, je découvre que la Suisse ne reconnaît pas les diplômes obtenus à l’extérieur et d’autant plus ceux des ressortissants des pays en voie de développement. Je décide donc de faire une formation dans le domaine des soins ou j’obtiens une certification de l’école des aides-soignantes en 1999.
Mère d’un petit garçon de 3 ans à cette époque, je dois subvenir à ses besoins mais aussi à ceux de ma famille restée au Cameroun, mon pays d’origine. Je décroche donc un emploi à La Providence à Neuchâtel où je passe quelques années avant de partir plus tard pour des raisons de proximité travailler au Home La Source à Bôle.
Éprise de justice, je me pose des questions sur la problématique des inégalités sociales que je constate notamment dans le domaine professionnel. J’en veux pour exemple des gens qui n’ont pas la maîtrise de la langue, ni aucune compétence dans la réalisation de certaines tâches mais à qui on accorde certains privilèges parce qu’ils sont tout simplement des migrants issus de l’Union européenne.
Face à toutes ces injustices et inégalités de traitement, j’ai pensé qu’il fallait mener des actions pour changer les choses, même s’il faut le faire à petite échelle. C’est la raison pour laquelle, lors d’un appel lancé par l’ancien délégué aux étrangers, Thomas Fachinetti, en vue d’aider la migration récente à mieux s’intégrer par le bais d’échanges réguliers avec ces nouvelles communautés, je prends la décision de m’engager à participer à ces plates-formes d’information, qui étaient sans contraintes, mais combien enrichissantes.
En 2004, la communauté africaine est créée et je suis élue représentante de cette nouvelle association au sein de la Communauté de travail pour l’intégration des étrangers, aujourd’hui communément appelée la CICM (Communauté pour l’intégration et la cohésion multiculturelle).
En 2006, dans le cadre des manifestations interculturelles de Neuchàtoi et sous ma direction, la communauté organise une journée festive et culturelle intitulée «Les africains de Neuchâtel, un nouveau regard», évènement qui a marqué les esprits tant par son caractère rassembleur que par son objectif axé sur la promotion du vivre ensemble.
En 2007, je reçois en guise d’encouragement le prix «Salut l’étranger» qui est une récompense donnée à une personne ayant accompli une bonne œuvre ou manifesté un engagement remarquable dans le domaine de l’intégration. Cet engagement va me conduire à être sollicitée pour donner diverses allocutions dans la région et également à prendre part à certaines conférences de presse organisées par le Service de la cohésion multiculturelle.
En 2008, je suis contactée par le parti socialiste pour y adhérer, car ce dernier a envie d’ouvrir le parti aux migrants de la région chaux-de-fonnière. Après un petit moment de réflexion, je donne mon accord de principe et devient membre du PSMN (parti socialiste des Montagnes neuchâteloises). Dans la foulée, je me présente comme candidate au conseil général de La Chaux-de-Fonds, expérience qui se révèle négative, car j’étais encore en phase d’apprentissage.
En 2012, ma deuxième expérience pour le parlement régional s’avère positive, car j’obtiens un bon score sur la longue et forte liste du PS. La belle aventure se poursuit en 2013 pour le parlement cantonal où là le score est satisfaisant, puisque je suis la première «viennent ensuite» de la liste socialiste chaux-de-fonnière. Ce score modéré, m’a permis d’entrer au Grand Conseil neuchâtelois, dès que le départ d’un de mes camarades fut annoncé.
En guise de conclusion, je dirai humblement que l’intégration reste un processus d’adaptation mutuel. Et s’il y a des barrières qui empêchent d’accéder à une meilleure intégration sur le plan professionnel, ce qui est le cas pour la migration récente, il faut contribuer à faire tomber ces grilles par notre participation aux processus décisionnels et à la démonstration de notre intérêt à la chose politique ainsi qu’à la vie associative.
Les autorités sont disposées à nous aider si nous manifestons la volonté de devenir des acteurs et non des spectateurs. Car il nous incombe, en tant que citoyens-es, de construire désormais avec ceux qui nous ont accueillis.
Josiane Jemmely
présidente de la Communauté africaine du
haut du canton de Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds