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Le 23 janvier, lors de son assemblée des délégués à Delémont, les Verts ont décidé de lancer une initiative populaire pour des aliments sains et produits dans des conditions correctes. Cette initiative vise cinq objectifs principaux:
1. Bien-être des animaux: les prescriptions suisses en matière de protection des animaux doivent également s’appliquer aux produits importés, qui ne pourront plus provenir d’élevages intensifs.
2. Protection de l’environnement: l’initiative demande une amélioration constante des standards en vigueur, une production économe en ressources et occasionnant peu de transport.
3. Qualité des produits: les denrées alimentaires doivent être plus naturelles et plus saines, ce qui implique notamment de produire les composants des aliments transformés de manière écologique et dans le respect des animaux.
4. Proximité consommateur-producteur: l’initiative entend renforcer la commercialisation et la transformation de produits régionaux.
5. Conditions de travail équitables: l’initiative vise à encourager le commerce équitable.
"Nous voulons une offre de produits alimentaires de qualité, sûrs, sains, évitant les transports inutiles et respectant des exigences minimales en matière écologique et sociale. Et nous voulons que ces aliments soient produits chez nous ou importés". C’est en substance notre revendication principale, résume Adèle Thorens, co-présidente des Verts suisses.
La qualité des denrées alimentaires revêt une grande importance pour le consommateur. Elle fait partie des trois principaux critères d’achat, avec le prix et la composition. Les conditions de production jouent également un rôle important. Les œufs de poules élevées en batterie, par exemple, sont rejetés par la clientèle et ont disparu des étalages. Les aliments bio se vendent de mieux en mieux. Cela se vérifie pour les fruits et légumes, mais aussi pour la viande et la charcuterie.
L’origine des produits joue aussi un rôle significatif: les consommateurs sont prêts à payer un peu plus cher pour acheter des produits de leur région.
C’est dans le secteur alimentaire que la publicité se répand le plus sur la qualité des produits et sur la proximité de leur origine. Mais si l’on va dans un magasin d’alimentation et qu’on étudie les étiquettes, on constate rapidement que l’information des consommateurs est incomplète. Impossible, en particulier, de connaître les conditions de production et l’origine des ingrédients des produits hautement élaborés. On cherche en vain ces informations sur les étiquettes. Les méthodes de fabrication et les origines des composants ne sont pas déclarées. C’est ainsi que des pâtes ou des pâtisseries bourrées d’œufs de poules en batterie arrivent ainsi, à notre insu, dans notre assiette.
Les Verts veulent que le marché des denrées alimentaires soit régi par la qualité des produits plutôt que par leur prix de vente. Il est choquant que des produits locaux, soumis à des normes sociales, écologiques et sanitaires exigeantes, unanimement plébiscités chez nous, s’écoulent difficilement à cause de la concurrence de produits meilleur marché importés de pays où ces normes ne sont pas respectées.
Toutefois, ne nous voilons pas la face: nous importons plus de 44% de notre alimentation et cette proportion ne va pas diminuer avec l’urbanisation que nous connaissions. Il est donc impératif que nous donnions des règles strictes de qualité à l’importation. Or, nous n’en prenons pas le chemin.
L’introduction dans la législation fédérale du principe du Cassis de Dijon autorise la vente en Suisse de n’importe quel produit autorisé dans un pays de l’Union européenne. On peut trouver dans nos magasins du sirop dilué, du jambon bourré d’eau ou du fromage râpé trafiqué. C’est le résultat de réglementations insuffisantes, ou insuffisamment respectées dans les régions d’Europe où sévit une production industrielle peu soucieuse de l’environnement et des conditions de travail de la main-d’œuvre agricole. Ce type de production est nuisible pour les humains, mais aussi pour la nature et pour les animaux. Il implique une utilisation intensive d’engrais de synthèse, de pesticides et d’antibiotiques, et des salaires scandaleusement bas.
Indépendamment de la qualité des produits, il faut aussi prendre en considération l’énergie consommée pour le transport des produits de la terre. Aujourd’hui encore, on charge des camions de pommes de terre cultivées en Allemagne vers l’Italie, où elles sont lavées à bon marché, pour les réexpédier en Allemagne où elles sont vendues à des consommateurs qui n’en savent rien. Il n’est pas davantage défendable qu’on puisse trouver sur le marché des asperges cultivées au Chili ou des fraises importées d’Afrique, à des prix parfois inférieurs à ceux de la production locale de saison.
En conclusion, les Verts cherchent à améliorer le contrôle de la qualité et des conditions de production et de transport des denrées alimentaires importées. Cette initiative renforcera la position des entreprises qui produisent selon les normes écologiques. En fin de compte, elle profitera aux consommateurs, tout en améliorant la protection de l’environnement.
Laurent Debrot, député
Vice-président des Verts neuchâtelois