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La santé ne coûte rien alors que la maladie rapporte, d'où son intérêt pour les assureurs. Il y a aujourd'hui une multitude de caisses-maladie qui se partagent ce marché sûrement très lucratif. L'assureur dispose en plus de l'incroyable privilège d'augmenter les primes d'assurance comme bon lui semble et sans consulter le principal intéressé, à savoir l'assuré. Le plus extraordinaire est que l'assurance-maladie ait été rendue obligatoire, de justesse il est vrai, avec l'approbation des citoyens. De ce fait, les diverses caisses-maladie se comportent comme une caisse unique. Il n'y a pas vraiment de concurrence entre les caisses et elles augmentent leurs primes à l'unisson en chaque fin d'année. Ces augmentations interviennent aussi sûrement que l'amen à la fin du culte.
La multiplicité des caisses-maladie était censée encourager la compétition pour faire baisser les primes à l'avantage des assurés. Mais ce n'est pas ce qui s'est produit. Il était donc manifestement aberrant de rendre l'assurance-maladie obligatoire. Les caisses-maladie sont des entreprises privées et ce n'est pas à l'Etat de garantir leur revenu et leur profit en obligeant les citoyens à s'assurer. L'obligation de s'assurer ne peut logiquement se justifier que s'il s'agit d'une caisse publique instaurée par l'Etat. C'est ce qui s'est passé en Suède où l'assurance de base est gérée par l'Etat et ses coûts couverts par l'impôt. Cela a en tout cas le mérite de rendre les coûts de l'assurance dépendants du revenu.
Le fait qu'en Suisse le montant des primes soit le même pour les pauvres et pour les millionnaires est en soi immoral. De plus, le système de soins couvert par l'assurance est probablement le plus coûteux de tous. Il y a beaucoup de manières d'aborder la maladie, mais l'assurance obligatoire ne couvre que les soins allopathiques, officiellement reconnus comme efficaces. Si on veut utiliser d'autres méthodes comme l'homéopathie, la massothérapie voire d'autres ...pathies, il faut les payer de sa poche tout en continuant à payer des primes pour des moyens de soin auxquels on n'a pas recours. Les caisses-maladie sont des entreprises privées dont la logique de fonctionnement est le profit. Elles prétendent bien sûr ne pas en faire, mais il s'agit là d'une question de sémantique, car les directeurs de ces caisses ont des salaires considérables (le chiffre de 400'000 francs par an a été évoqué dans la presse). Il serait alors plus juste de considérer la différence entre ces rémunérations et un salaire raisonnable comme un bénéfice non avoué.
Il y a par ailleurs une iatrogenèse, c’est-à-dire des maladies induites par le système médical. Remèdes chimiques dangereux, vaccinations inutiles, etc., mais néanmoins remboursés par l'assurance (voir aussi l’esssor Nº 2, avril 2012). Les assureurs semblent croire que l'augmentation continue des primes est une loi de la nature, un peu comme le deuxième principe de la thermodynamique (qui affirme que l'entropie d'un système fermé ne peut que croître). Mais il n'en est rien. L'augmentation continue des primes est due à une mauvaise conception du système de la maladie curieusement appelé système de la santé. Si ce système était vraiment efficace, on devrait assister au contraire à une diminution du nombre de malades et donc du montant des primes d'assurance.
Les assureurs considèrent que la santé est une question de science et de technique qui exige des technologies sophistiquées et des médecins formés en conséquence. Pourtant, les Hunzas dans le Karakoram ont une santé remarquable alors qu'ils ne disposent ni de médecins ni de technologies. La santé est d'abord la conséquence d'une manière de vivre, de se nourrir, de l'harmonie dans la société. Mais le monde industrialisé s'autodétruit à grand renfort de produits chimiques et de pollutions. L'assurance n'assure pas la santé, mais le revenu des médecins, des assureurs et autres professionnels liés au système.
Dans l'introduction de son livre intitulé Némésis médicale (Seuil, 1975), Ivan Illich écrit: «L'entreprise médicale menace la santé, la colonisation médicale de la vie quotidienne aliène les moyens de soin, le monopole professionnel sur le savoir scientifique empêche son partage. Une structure sociale et politique destructrice trouve son alibi dans le pouvoir de combler ses victimes par des thérapies qu'elles ont appris à désirer…»
Et comme l'a fait remarquer Mme Janine Favre qui refuse de payer ses primes d'assurance, notre santé c'est d'abord notre affaire.