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«Quelles bases enseigner en éducation civique durant l’école obligatoire?» Si la question n’est pas nouvelle, elle prend une saveur toute particulière en cette période de rentrée scolaire pour les Vaudois. En effet, avec l’entrée en vigueur du concordat Harmos et, dans une moindre mesure, de la LEO (loi sur l’enseignement obligatoire), nous ne pouvons que constater l’effondrement des cours d’éducation à la citoyenneté. Et avec cette déperdition, c’est toute la promotion de participation à la vie politique ainsi que la connaissance de notre démocratie directe qui fléchissent. L’abstentionnisme qui frappe les jeunes durant les votations risque fort, si ce n’est d’augmenter, au moins de perdurer.
Il y a quelques années encore, sous le régime du PEV (plan d’étude vaudois), la citoyenneté était à l’horaire des écoliers du canton de Vaud dès ce que nous considérons aujourd’hui comme la 10e Harmos. Depuis l’année scolaire 2013-2014, l’éducation civique est intégrée aux cours de géographie et d’histoire pour les élèves de 7e à 11e. Sur le papier, cette disposition pourrait s’avérer alléchante. Seulement, la chose est beaucoup plus sombre dans les faits.
La géographie et l’histoire étant des disciplines à faible dotation horaire, il est souvent difficile d’arriver au bout du programme annuel. Beaucoup d’enseignants regrettent et se repaissent tout à la fois de la densité de la matière à traiter dans ces branches. Quoi qu’il en soit, alors même que la consistance des contenus en sciences humaines est considérable, il paraît difficilement possible d’arriver à dégager suffisamment de temps pour pouvoir aborder avec toute la minutie nécessaire une discipline aussi vaste que la citoyenneté. En outre, les maîtres et maîtresses amenés à aborder les questions civiques en classe n’auront pas nécessairement reçu la formation adéquate. A l’heure où les HEP exigent des spécialistes disciplinaires et où le généraliste tend à s’oblitérer, cette orientation a de quoi interloquer.
A n’en pas douter, la problématique des droits et devoirs devient transversale. Inutile de lui consacrer un cours propre, estiment nos élites dirigeantes. Au même titre que l’informatique, il est demandé aux enseignants vaudois d’incorporer la citoyenneté dans leurs approches didactiques. Car le programme est vaste, «trop vaste certainement pour le réduire au monisme d’une branche», peut-on lire sur le site de la Haute école pédagogique vaudoise. Paradoxalement, cette dernière entité admet qu’il revient au maître d’éducation à la citoyenneté de «doter les élèves d’une culture générale politique, juridique et économique qui permette de comprendre le monde».
Si nous pouvons donc tout à fait convenir que l’éducation civique doit parcourir plusieurs matières, son champ conceptuel spécifique requiert un enseignement sui generis. Les notions abordées dans un tel cours serviront ensuite précisément d’outils pour aider l’élève à s’approprier des concepts et à forger son esprit critique, dans une perspective de responsabilisation citoyenne. Et ce, dans l’intérêt du pays tout entier.
Yannick Maury, enseignant,
membre des Jeunes Vert-e-s vaudois-es