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On est en droit de penser que cette année de commémoration de la petite paysannerie ressemble plus à un chant du cygne qu’à une réhabilitation de la profession. Comment en est-on arrivé là? L’état du monde agricole aujourd’hui est le fruit emblématique de la mondialisation, de la transformation structurelle de la famille, de la persistance des préjugés à l’égard des professions manuelles, par définition salissantes, fatigantes physiquement. Les paysans sont au carrefour de logiques marchandes qui les soumettent de plus en plus à une forme particulièrement pernicieuse d’esclavage, partout dans le monde. Mille facteurs y ont participé: la spéculation sur les denrées alimentaires, la concentration des structures de production et donc l’abandon des plus petites, la mécanisation galopante, l’éclatement des familles, l’emballement des exigences consommatoires, administratives, entre autres, ont tous poussé à la roue. Aujourd’hui, de multiples petites ressources sont abandonnées, les sols et les agriculteurs sont épuisés et les besoins augmentent. On l’observe dans tous les domaines, mais dans l’agriculture, le piège est particulièrement flagrant et les dégâts spécialement visibles, même si on nous les cache sous des images d’Epinal grossièrement faussées: qualité des aliments de plus en plus médiocres, pollutions de toutes sortes, bref la santé publique est prise en otage.
Que faire dans tout cet embrouillamini, entre trop grands et trop petits, obésité et sous-alimentation?
Ne comptons pas sur les règles économiques actuelles de l’OMC et des multinationales qui les dictent en sous-main, sans reconnaissance démocratique. Il est à noter qu’un nouveau cycle de négociations (PTCI) est actuellement en cours pour aggraver encore la soumission des Etats aux «lois du marché». C’est au niveau des citoyens-consommateurs, des agriculteurs et donc des Etats que la résistance doit s’organiser. Mais là encore, nous allons devoir batailler avec nos gouvernants respectifs qui semblent s’être fait complétement lobotomiser, soumis sans alternatives aux diktats des pouvoirs économiques. Transformer les agriculteurs en jardiniers du paysage semble plein de vertus, mais n’est pas suffisant: cela ne leur correspond pas, et faire de notre pays une carte postale pour touristes est une forme particulière de mépris pour l’ensemble de la population.
C’est donc principalement chez les «petits» que l’opposition doit s’organiser. L’aide de «grands» s’avérera indispensable. En commençant par encourager la multiplication de coopératives de toutes sortes (les association pour le maintien d’une agriculture paysanne, les AMAP, sont de beaux exemples), augmenter l’autosuffisance alimentaire à 80%, accepter de manger des fruits et légumes cabossés, refuser le gaspillage indécent, manger moins de viande, et laisser tomber les fraises à Noël… Tout le monde le sait, mais la différence de prix entre pommes d’ici et bananes-oranges d’ailleurs casse l’élan et ne tient pas compte correctement des transports. Le temps pris à chercher ses aliments chez les divers producteurs complexifie le quotidien, alors que nous tous aspirons à le simplifier.
Cette lutte, soutenue par une dose massive d’utopie, pour la survie de l’agriculture familiale, et en fin de compte de l’espèce humaine, s’annonce difficile, et se devra d’être puissante, solide et longue. Les petits gestes, c’est déjà bien, mais on va devoir passer à la vitesse supérieure!