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Le 30 novembre prochain, le peuple suisse est appelé à se prononcer sur l’initiative intitulée «Halte aux privilèges fiscaux des millionnaires». Elle vise à compléter l’article 127 la Constitution fédérale par un alinéa 2bis qui stipule: «Les privilèges fiscaux pour les personnes physiques sont illicites. L’imposition d’après la dépense est interdite».
Le comité rédactionnel de l’essor est bien entendu favorable à cette initiative dont l’acceptation mettrait fin à une inégalité crasse. Plutôt que de rédiger un argumentaire, nous publions, avec le consentement de son auteur (M. Philippe Somsky, Le Mont-sur-Lausanne), une lettre de lecteur parue dans l’hebdomadaire Echo Magazine.
Suite à la lecture de l’article sur les forfaits fiscaux, dans lequel votre journaliste se prononce clairement pour le maintien de ces privilèges, je tiens à opposer des considérations éthiques et morales à une lecture purement comptable de la réalité. Au-delà du fait que les cantons ayant aboli ces forfaits n’ont pas perdu d’argent et en ont même gagné davantage, je me demande s’il est encore possible de penser un sujet politique autrement que comme un calcul de boutiquier. Les partis de droite nous ont effectivement habitués à penser toujours selon le même schéma: si nous nous arrêtons de proposer ces privilèges aux grandes fortunes, d’autres s’empresseront de le faire à notre place. Pareil pour les multinationales étrangères. Mais poussons encore l’amoralité: si nous arrêtons d’exporter des armes, d’autres le feront – le peuple en a décidé récemment. Quel est le nom de cette étrange logique?
En clair, sans aucune considération morale, vendons tout ce que nous pouvons et faisons-nous acheter par le plus offrant! Si la politique se réduit à de tels calculs d’épiciers (a fortiori lorsque les calculs sont faux), comment est-il possible pour un chrétien, dans ce contexte-là, de construire son raisonnement et son opinion? Est-il si choquant de souhaiter que ceux qui sont dans l’opulence paient au moins leur dû en fonction de leur fortune et ne bénéficient pas d’un barème particulier? De notre côté, nous n’avons pas la possibilité de négocier notre niveau d’imposition. Pourquoi alors accorder des faveurs à ceux qui n’en ont pas besoin? La relecture attentive de l’évangile selon Saint Matthieu – notamment la parabole des ouvriers envoyés à la vigne – semble plus que jamais nécessaire.
Qu’ajouter de plus, sinon d’inviter tous les citoyens – même les abstentionnistes potentiels – de voter le 30 novembre et d’abolir ainsi les forfaits fiscaux ?