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En occupant avec entêtement notre espace-temps collectif, les indignés nous interpellent tous. Ils matérialisent la crise et rendent flagrante l'absence de réponses institutionnelles. Ces villages de tentes sont insupportables à ceux qui veulent nous enfermer dans nos voitures, nos salons, nos écrans et ces professionnels de la politique réagissent avec condescendance aux indignations des indignés… En effet, chaque fois que l'indignation se manifeste, les milieux institutionnels cherchent toujours à la rendre aussi puérile et enfantine que possible pour ôter au mouvement de protestation sa légitimité. Pour eux, l'indignation ne serait que l'expression de colère de quelques énervés juvéniles et ils ne réduisent le mouvement qu'à ses aspects violents, disqualifiant ainsi toute contestation. La péjoration de l'indignation est une arme fatale pour le mouvement et même si les protagonistes s'en défendent, ils ne sont pas dans un rapport de force qui permettrait un recul significatif des ambitions patronales et des prétentions politiciennes.
Mais l'indignation est le premier pas concret dans une logique qui mène de la prise de conscience de ce qui se passe, à la compréhension des forces en jeu et puis, à une certaine action collective. Et c'est cela qui inquiète le plus nos dirigeants: que la masse des citoyens prenne conscience des véritables raisons de la crise et commence à leur demander des comptes…
Nous pouvons lister toute une série de motifs pour l'éclosion d'indignation :
• la prise de pouvoir des forts sur la société et notre impuissance flagrante de la contrer;
• les privilèges des nantis dans une société en crise où on nous demande de nous serrer la ceinture;
• l'attribution incessante de bonus exorbitants aux cadres des banques et le pouvoir démesuré de celles-ci sur tous les aspects de la vie sociale;
• l'utilisation et le contrôle des médias dans le but de désinformer et de manipuler le public;
• le matérialisme productiviste qui fabrique des pauvres;
• la spéculation foncière, immobilière, boursière et sur les matières premières, une «casinofication» de la société rendant impossible la participation citoyenne;
• la commercialisation et la marchandisation de notre sphère privée;
• le blocage du développement des formes alternatives d'énergie pour nous maintenir dans la dépendance face au pétrole et à l'uranium;
• la contamination de la chaîne alimentaire par des pratiques industrielles irresponsables et les dégâts commis sur le système agricole par les OGM et autres pesticides;
• la perpétuation du colonialisme à l'étranger par le maintien de forces armées dans des dizaines de pays, et l'accaparement des économies et des terres de dizaines d'autres.
Et il y a assez de motifs d'indignation pour remplir des pages; alors pourquoi cette léthargie face à l'activisme accéléré de ceux qui se croient nantis d'un droit suprême de diriger cette société selon leurs envies et besoins?
À l'heure où les plans d'austérité et les licenciements vont occuper la scène politique de 2012, nous ne devons pas laisser passer cette opportunité historique de renforcer le mouvement social traditionnel et de reprendre l'offensive. Alors, Occupy 2012 en Suisse aussi?