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En 1937, qui aurait songé à visiter à Tokyo une école logée dans des wagons désaffectés dont le directeur s'inspirait en particulier de la méthode d'Emile Jaques-Dalcroze (1865-1950, compositeur et pédagogue suisse). Il fut le créateur d'une rythmique novatrice qui, à travers la musique, développait à la fois l'esprit, le corps et éveillait à la créativité. Dans les années 30, le fondateur de cette école japonaise avait suivi les cours de Jaques-Dalcroze à Paris grâce à la bourse octroyée par un mécène (président de Mitsubishi).
L'histoire de ce groupe scolaire hors du commun, nous la découvrons vécue par l'auteure chapitre après chapitre. Ces pages publiées en japonais en 1981 et en français en 2006, elle les a dédiées à la mémoire de M. Sôsaku Kobayashi (1893-1963), ce maître tant aimé qui avait su accueillir une petite fille tellement curieuse de tout qu'aucun cadre scolaire classique ne pouvait lui convenir. Elle avait été chassée de son école, mais elle l'ignorait car sa mère savait qu'elle n'aurait pas compris ce renvoi.
Page après page on découvre comment Totto-Chan s'épanouit. Dans cette école, les différentes classes aux effectifs réduits se tiennent dans des wagons au milieu des arbres. Les matières sont variées et chaque élève peut étudier librement le programme du jour. L'enseignement s'inspire de cette recommandation du directeur à son équipe: «Ne transformez pas les enfants pour qu'ils entrent dans un moule! Laissez-les s'épanouir naturellement! Leurs rêves dépassent les limites de vos projets éducatifs».
En 1945, les bombardements américains sur Tokyo réduisirent cette école en cendres. Pourtant grâce à une de ses élèves devenue vedette à la télévision nationale, actrice, ambassadrice de l'UNICEF et directrice adjointe de l'orchestre philharmonique de Tokyo (son père était un violoniste de talent) ce témoignage étonnant demeure. Selon le New York Times: «Totto-Chan est l'antidote rêvé à l'éducation stérile».