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Février 2011
UDC: Ultras Défenseurs du Capital
Auteur : François Iselin

Quiconque est devenu célèbre ou qui piaffe pour le devenir a cédé à l'une des deux pulsions primitives, le désir ardent de dominer l'autre et celui, non moins vif, de posséder davantage que ses semblables.

Dans un système républicain, les dominants, doivent passer par les Fourches Caudines du suffrage pour s'imposer. Ne pointant que la gloire d'être élu, ils ne voient rien d'autre que leur prochaine campagne électorale. Une fois élus, les pièges parlementaires les affublent d'œillères qui les empêchent de lorgner à gauche sur la misère des peuples et à droite sur leurs spoliateurs.

Par contre, les possédants, ces personnalités parvenues à la renommée par leur instinct prédateur, voient toujours plus loin que les autres. Rien ne leur échappe de ce qui pourrait menacer leur magot. Ainsi, dans les systèmes productivistes, qu'ils soient capitalistes ou bureaucratiques, ils surveillent étroitement l'État, sa gestion, sa justice, sa police et son armée. Au moindre faux pas qui leur serait préjudiciable, ils sévissent en échafaudant immédiatement une stratégie d'intimidation, de corruption ou d'élimination pure et simple par un coup d'État, brutal ou sournois.

C'est le cas notamment de l'intention d'un certain Christophe Blocher, multimilliardaire, faussement accusé de jalouser les dictatures fascistes révolues. Il n'en est rien. Tel un grippe-sou, il ne défend que sa fortune et celle de ses semblables car, bien que concurrents, ils peuvent toujours lui être utiles.

Alors que les personnalités qui gouvernent s'affolent vainement en apprenant le drame des migrations, les émeutes de la faim, de la souffrance, de l'injustice dans le monde, les possédants réactionnaires, qui voient mieux et plus loin, préparent froidement les moyens de mater l'«humanité excédentaire» celle qui leur coûte sans les enrichir. Ils s'accoutrent alors de toge parlementaire, s'imposent par leur harangue et construisent des partis populistes pour y placer leurs émules et quelques démagogues qui feront avaler leurs boniments.

Au cours du siècle passé, les possédants menacés ont fait passer leur projet en appelant à «notre génie propre», «notre espace vital», «nos conquêtes», «notre identité»… L'UDC a trouvé un camouflage plus misérable: «Notre Suisse», «Nos monts indépendants», notre «Qualité Suisse» et autres cucuteries qui ne font plus rire.

Non, l'UDC des Blocher, Freysinger et autres machos vulgaires, n'est pas celle que l'on croit. Elle se moque des affaires qui tracassent quotidiennement les parlementaires et programme la suite… Ce que reluquent ces gens, c'est la dépouille de l'État pour gaver leur progéniture. C'est pourquoi ils se veulent les «Ultras Défenseurs du Capital», UDC. Pour ce faire, il leur faut une base sociale agacée, rancunière et violente contre le pouvoir établi. Celle-ci doit défendre son pécule et s'enrichir davantage sur le dos des appauvris qu'elle expulsera de gré ou de force, quel qu'en soit le prétexte: «réfugiés» (entendez «drogués»), «islamistes» (entendez «terroristes»), «fiancés» (entendez «violeurs»), «électeurs» (entendez «moutons»), «célibataires» (entendez «pédérastes»)…

Bref, sous des apparences bon enfant, l'UDC distille les appâts rances de la haine. La violence oratoire et publicitaire, le port d'arme, la peine de mort, sont faits pour cela. Si tant de personnes soutiennent l'UDC, c'est parce que son programme est enjolivé de quelques vérités pertinentes que les autres partis, de gauche ou de droite répugnent à admettre.

L'UDC n'a aucun mérite politique, sa stratégie n'a rien d'original. Depuis un siècle il en a toujours été ainsi. A chaque crise économique ou sociale, il s'est trouvé un petit malin, barbouilleur raté, général désœuvré ou braillard maniaque qui, reniflant la gloire, s'est mis au service des puissants, dont le pouvoir ou l'avoir étaient menacés. Ayant perdu toute autorité, incapable de calmer la colère du peuple, de le réprimer à coup de matraque et d'en fusiller quelques-uns pour l'exemple, il ne reste aux gouvernants démocratiques qu'à céder leurs trônes aux dictateurs et les remercier de s'occuper, pour quelques années – pas davantage! – des sales besognes. L'intermède totalitaire est une pratique courante de la «démocrature» et le colonel Blocher connaît ses classiques.

Ainsi leur «démocratie» étant sauve, les États peuvent sans crainte condamner les tortionnaires qu'ils ont secrètement recrutés. Quant à leurs meneurs, suicidés ou pendus, rarement condamnés de leur vivant, ils en feront plus tard les boucs émissaires des années de sang et de larmes.

Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour découvrir le malaise actuel des possédants. Qu'ils contrôlent la richesse, le travail, les ressources ou l'information, tous ont peur, mais ne font semblant de rien pour éviter une fatale «crise de confiance». Il n'est plus de jours sans que l'on annonce de nouvelles secousses, celles qui précéderont le séisme dévastateur. Les «démocraties» vont droit dans le mur. L'UDC, comme ses émules dans pratiquement tous les autres pays d'Europe, voyant venir la débandade institutionnelle, prépare en toute hâte le sauvetage des magots et la mise hors d'état de nuire des mendiants, réfugiés, retraités ou chômeurs qui pourraient leur soustraire quelques miettes pour survivre.

UDC: «Union Démocratique du Centre», dites-vous? Détrompez-vous, ça urge!


Il ne faut pas faire par les lois ce qu'on peut faire par les mœurs.
– Montesquieu

Ce n'est jamais dans l'anarchie que les tyrans naissent,
vous ne les voyez s'élever qu'à l'ombre des lois ou s'autoriser d'elles.
– Marquis de Sade

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