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À en croire les médias et les discours politiques: nos enfants sont gros et peu mobiles, nos cigarettes puent et cancérisent, nos canettes sont alcoolisées et/ou trop sucrées, nos frites sont grasses, nos voitures polluent, nos maisons sont mal isolées, nos magasins sont grands, nos veines se bouchent et nos bouches sentent, le travail nous stresse et le temps nous manque… Mais heureusement, l'économie reprend.
Mais que fait la prévention? Les professionnels sont formels: même si nos moyens sont limités, l'opinion publique nous soutient et nos actions sont politiquement correctes. Notre discours est cohérent et l'efficacité de nos actions est avérée; du reste, nous nous basons le plus souvent sur des évidences médicales. Nous avons les preuves de ce que nous affirmons sur le tabac, sur l'alcool, sur le manque d'activité physique et sur l'importance de notre alimentation. Nous savons tout cela, vous savez tout cela, et pourtant nos comportements ne changent que très lentement. De plus, celles et ceux qui profitent le plus de nos actions sont rarement ceux-ci ou celles-là qui en auraient le plus besoin!
Mais que peut la prévention? Dans un environnement où les enfants dès 2 ans sont les cibles du marketing commercial, où le chemin de l'école et les parcs publics sont décrits comme dangereux et les espaces de liberté limités, où les sorties scolaires sont rares, où les lieux publics sentent bon la fumée passive, où l'accès à la bière est peu contrôlé et celui des sodas permanent, où les distributeurs n'offrent que des mets sucrés, gras et trop riches, où les centres urbains sont peu piétons, où tout le monde travaille trop, par nécessité plus que par choix car la vie est chère, nous sommes écartelés en permanence entre nos désirs de consommateur pour qui tout est possible et notre vécu de grand corps malade.
Faire le choix d'un comportement plus adéquat et d'une consommation mieux maîtrisée, c'est faire la promotion de sa santé, mais c'est aussi aller à contre courant. Avoir comme objectif de favoriser son propre développement durable, c'est affirmer une différence et accomplir un acte de résistance. Choisir un mode de vie permettant de satisfaire ses besoins d'aujourd'hui sans pour autant porter atteinte à ses capacités futures, c'est exprimer sa propre liberté. La promotion de sa santé constitue un acte courageux qui passe par l'affirmation de sa liberté. Et la bonne santé des personnes et des groupes est l'expression de la liberté individuelle et collective.
Je vous encourage à en faire l'essai. Si tout cela est vrai, les médias et les discours publics pourraient changer ainsi: nos enfants sont sains et agiles, nous ne fumons pas, nous buvons entre amis, nos poissons viennent du lac, nous allons à pied au travail, nos maisons sont économes, nous mangeons aussi des légumes frais, notre pression est bonne et nos bouches sourient, nous avons une qualité de vie au travail et du temps pour les autres et ceux qu'on aime … Et l'économie reste à sa place.
Jean-Christophe Masson
Secrétaire général des Ligues de la santé
www.liguesdelasante.ch