Qui n'a pas déjà entendu l'affirmation «les enfants sont l'avenir du monde» ? Papa de deux jeunes garçons, je les regarde grandir avec émerveillement. Je ne prétends pas avoir une opinion arrêtée sur le thème de L’éducation au monde de demain, mais je sais un peu les valeurs que j’aimerais pouvoir leur transmettre. Et je me demande ce que je peux faire aujourd'hui pour qu’eux-mêmes, et cet avenir qu'ils incarnent, soient le plus heureux possible.
Comme tous les enfants, les miens découvrent le monde. Ce monde où certes je les ai précédé, mais que je ne prétend pas comprendre beaucoup mieux qu’eux, certains jours. À peine ai-je une petite longueur d'avance pour avoir fait "quelques pas de plus qu’eux sur cette boule perdue dans l'Azur" (Michel Rivard, chansonnier). Juste assez peut-être pour pouvoir les traiter comme des amis avec lesquels je voyagerais dans un pays que je connais déjà, et qu'ils découvrent…
Mon aîné aura bientôt 9 ans. Il aime les trains et les avions. Il aime lire aussi, et c'est là une ouverture au monde qui me réjouit. Il aime la batterie, jouer au foot avec ses copains et faire parfois des âneries. Bien qu'il lui arrive d’être tête-en-l'air, il trouve souvent des satisfactions dans la discussion et le partage d'idées avec des adultes, pour peu que ces derniers sachent se mettre au diapason de son âge. Il préfère les réponses vraies, plutôt que la sempiternelle question: « Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? ».
En tant que parent, est-ce que je rêve de ce que mon fils deviendra plus tard?
- Je ne rêve pas que mon fils devienne homme d'affaires…
Mais qu'il trouve suffisamment de passion en lui pour exercer une activité professionnelle qui lui procure, en plus de revenus suffisants, une véritable motivation d'aller de l'avant quand il se lève chaque matin.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne psychiatre…
Mais qu'il se comprenne suffisamment lui-même pour ne pas laisser se perdre inutilement la nécessaire estime-de-soi dont il aura besoin pour traverser sa vie.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne sociologue…
Mais qu'il acquière suffisamment de compétences sociales pour se frayer son propre chemin, malgré la pression du groupe, de la masse ou du système. Ainsi peut-être trouvera-t-il sa place dans ce monde, sans révolte destructrice et sans soumission.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne médecin…
Mais qu'il découvre à quel point son propre corps peut être pour lui un agréable compagnon de voyage en cette vie, pour peu qu'il en comprenne le fonctionnement, qu'il adopte de saines habitudes et qu'il apprenne à se respecter.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne avocat…
Mais qu'il se forge pour lui-même un vrai sens de justice. Pas seulement celle que dicte le droit, mais celle qui procède plus profondément de la dignité humaine. Celle qui aide à ne pas fermer les yeux devant les injustices quelqu'elles soient.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne travailleur social…
Mais qu'il développe un véritable respect de son prochain et qu'il apprenne à faire preuve de tolérance et de bienveillance à l'égard d'autrui.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne chercheur…
Mais qu'il comprenne suffisamment les lois de la matière, de la nature et de la science pour éviter les pièges que les idéologies, les dogmes et les sectes tenteront de jeter sur sa route.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne théologien.
Mais qu'il sache un jour être sensible à ce qu'il y a de transcendant et d'ineffable dans la Vie elle-même, au delà des religions et des idées sectaires. Puisse-t-il approcher ce mystère avec son âme d’enfant.
- Je ne rêve pas que mon fils devienne comédien…
Mais je serais heureux qu'il puisse rire et trouver dans l'humour l'antidote aux frustrations du quotidien, sans se réfugier dans le sarcasme ni la dérision.
- Non, je ne rêve vraiment pas que mon fils devienne sportif d'élite…
Mais je serais heureux qu'il apprenne à équilibrer émulation et coopération, pour goûter la joie qu'il y a à oeuvrer avec d'autres à l'atteinte d'un but plus grand que soi.
Vous l’aurez compris, je ne rêve pas d’un fils dentiste… mais j'espère que les miens mordront la vie à pleines dents.