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Découvrir le film «Pour un seul de mes deux yeux», c’est vivre le conflit Israël-Palestine avec le regard d’un cinéaste israélien. Durant la seconde Intifada, armé de sa caméra, l’auteur parcourt les territoires occupés par l’armée israélienne. Scènes morcelées auxquelles le spectateur a le sentiment de participer. Dans sa sobriété, ce film-document ne vous montrera pas le «mur de séparation» trop célèbre, mais seulement les grillages que les soldats en faction n’ouvriront pas aux ambulanciers palestiniens appelés à l’extérieur, ni aux mères se rendant à l’hôpital, ni même aux écoliers qui, sous un soleil de plomb, attendent de pouvoir rentrer dans leur village.
Ailleurs, barricadés dans des jeeps, alors que des avions sillonnent le ciel, les soldats empêchent des paysans de labourer leurs champs ou d’en récolter les fruits. Prétexte: terrain militaire! En toile de fond, les luxueuses voitures qui filent à toute allure sur de larges routes, ignorant ce qui se passe pour ceux qui n’ont que les droits que le camp des plus forts veut bien leur accorder.
Vous assisterez aussi à certaines leçons d’histoire données à des Israéliens, histoires leur vantant les exploits de Samson se sacrifiant pour que meurent une multitude de Philistins, eux qui, par vengeance, lui avaient crevé les yeux, ou la résolution des Zélotes à Massada qui avaient choisi de se suicider pour ne pas tomber sous le joug des Romains. Comme il le dit dans une interview, Avi Mograbi se veut un avec les scènes filmées: «Il n’y a pas de séparation entre moi, la personne, et le militant, le politique et le cinéaste». Un film dense, qui ne peut nous laisser indifférents, nous, spectateurs protégés, alors que les drames se multiplient dans cette région qui fut le berceau d’un des fondements de notre culture.