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La société de subsistance et la société de développement, pouvant aussi être appelées pré-moderne et moderne, s’opposent et reposent sur une vision, une conception du monde totalement différentes. La société de développement s’appuie sur le dogme de la prospérité par la croissance économique, alors que la société de subsistance a une vision holistique du monde, où les phénomènes sont interdépendants, où l’être humain est subordonné au collectif, aux Anciens.
La modernité amène une rupture radicale de la relation de la personne à elle-même, à son environnement humain et naturel, véhiculée par son moteur qu’est la croissance économique, le nouveau Dieu que la société moderne vénère. Cette croissance n’est pas un moyen, mais un but à atteindre, avec comme conséquences les problèmes contemporains connus (dégradation de notre environnement, gaspillage des ressources naturelles, injustices et disparités croissantes entre individus). Pierre Rahbi ose dire à juste titre que la croissance n’est pas la solution, mais le problème.
Aujourd’hui, nous avons besoin de nous réveiller, afin de sortir de cette fausse croyance que l’on nous martèle jour après jour, que la croissance est la solution à tous nos maux. Nous avons à nous soustraire à cette aliénation, à quitter ce modèle de pensée unique, car croître sans fin, dans un monde fini, est utopique et irréaliste. Nous avons à quitter ce modèle d’expansion sans limite, qui se comporterait comme une fusée ayant quitté son orbite et qui, n’étant plus soumise à la gravité, errerait dans l’espace intersidéral. Nous avons à revenir sur terre et à retrouver un modèle compatible avec la Vie, où le temps est cyclique, soumis à des rythmes lents de transformation. Nous avons à redonner sens à la Vie, à notre propre vie.
Nous avons à retrouver des valeurs perdues, telles que l’écologie, la solidarité, la spiritualité, afin que l’homme retrouve sa dignité et sa juste place dans le Cosmos. Alors, quel type de société permettra aux hommes et aux femmes de vivre en harmonie? Sera-ce le retour à une société de subsistance? Ou sera-ce une société dite «transmoderne» où l’on prend le meilleur des traditions et le meilleur de la modernité?
Personnellement, je ne crois pas en une solution venant de l’extérieur, en un modèle de société servant de moule où se coulerait l’humanité, un modèle pré-établi. Non, je crois en une société plus juste, plus harmonieuse, en devenir, mais qui aujourd’hui dans sa forme n’existe pas. Cette société nouvelle doit prendre naissance dans le coeur des hommes, non plus par une représentation du mental, mais par un processus de lente transformation intérieure de l’homme, en étant à l’écoute de notre conscience profonde, et qui agira comme une véritable boussole intérieure et redonnera sens à notre propre vie. C’est alors que chaque acte, posé en conscience, à tout instant, ira vers un plus de vie et participera à l’éclosion d’une société plus humaine. A nous de nous en donner les moyens!
Et le premier pas à faire est de sortir du rythme effréné de notre civilisation. Comme au volant de notre voiture, nous avons à «débrayer» pour, comme le dit Pierre Teilhard de Chardin, nous enfoncer dans notre humanité, mais sans quitter le monde. S’enfoncer en soi-même, c’est avancer vers un plus de conscience. D’une croissance quantitative, le monde, lentement mais sûrement, évoluera vers une croissance qualitative. Et sur ce chemin intérieur, il est important de nous «laisser habiter» par les valeurs que nous ont transmis et nous transmettent les sociétés de subsistance. Elles seront des balises, des garde-fous.