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Populisme selon Wikipédia: «Aujourd’hui on utilise souvent le terme de populisme comme synonyme de démagogie ou d’opportunisme politique, surtout vis-à-vis des mouvements d’opposition.»
Le populisme n’est pas en soi quelque chose de forcément négatif, c’est plutôt l’interprétation qu’on en fait actuellement qui a cette connotation péjorative. Quoi de plus naturel que les politiques relaient les préoccupations de la population pour essayer de trouver le chemin vers «un vivre ensemble» meilleur? S’agit-il pour autant de populisme? Si tel est le cas, alors tant la gauche que la droite peuvent être qualifiées ainsi et pourtant je ne pense pas que cela corresponde à la réalité politique de notre pays.
Les actions politiques basées sur des faits réels, des constats, permettent de mener à bien des dossiers de manière concrète. C’est bien le fait de poser le problème tel qu’il est qui permet d’avoir un débat démocratique constructif et peut-être d’y trouver une solution consensuelle. La politique ne devrait pas se faire dans les médias, mais en plénum et plus particulièrement dans les séances de commissions ou dans les antichambres des parlements où les effets de manches n’ont que peu d’influence. Dès lors que l’information est faite de manière correcte et argumentée, je pense que la démocratie a tout à y gagner.
Ensuite il reste encore la difficile tâche de convaincre la population que la solution proposée, à défaut d’être la meilleure, est acceptable et c’est à ce moment charnière que les dérapages dans l’argumentation sont les plus fréquents. Apporter des solutions constructives aux problèmes complexes de notre société est un vrai défi, qui ne saurait se satisfaire de raccourcis ou de slogans.
Démagogie selon Wikipédia: «Du grec demos le peuple et ago conduire. Notion politique et rhétorique désignant l’art de mener le peuple en s’attirant ses faveurs, notamment en utilisant un discours simpliste, occultant les nuances et dénaturant la vérité.»
Faire de la démagogie, c’est utiliser les préoccupations de la population (chômage, déficits des assurances sociales, asile, etc.) et s’en servir pour tenir un discours qui s’adresse uniquement aux émotions et aux tripes des personnes, afin de satisfaire ses propres ambitions ou celles de son groupe. Les arguments avancés pour arriver à cette fin sont simplistes, peu pertinents et les faits relatés ne sont pas analysés avec recul, ni placés dans leur contexte politique, social ou économique. Tous les arguments sont bons s’ils servent la cause, quels que soient les dégâts collatéraux.
Il s’agit notamment des argumentations qui prétendent par exemple que l’augmentation du nombre de musulmans dans la population suisse atteindra bientôt un chiffre supérieur à 100% ou que 85% des requérants d’asile sont des abuseurs, alors même que ce dernier pourcentage ne tient pas compte de toutes les personnes qui ont été admises provisoirement car elles ne pouvaient pas être renvoyées dans leur pays.
Voilà pour moi la définition de la démagogie: utiliser la peur des gens et s’en servir comme d’une arme pour faire passer n’importe quelle loi inique, sans égard pour l’autre, ni pour les droits fondamentaux de l’être humain. Un vrai débat démocratique ne peut avoir lieu que s’il est éthiquement irréprochable.
Francine John, conseillère nationale écologiste