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Quand ils sont morts, on fleurit leur tombe, on écrit leur biographie, on élève un monument à leur mémoire. Mais quand ils étaient vivants, on était beaucoup moins zélés pour manifester l’intérêt et le soutien qui les auraient encouragés.
Tous les novateurs en ont fait l’expérience: il faut être animé d’un grand courage pour s’aventurer hors des chemins battus. La majorité éprouve un tel besoin de certitudes!
C’est tellement rassurant de pouvoir compter les yeux fermés sur des autorités indiscutables!
À quoi pensent ces imprudents qui remettent en question les idées traditionnelles et s’écartent des normes considérées comme sacrées? Ne voient-ils pas qu’ils courent des risques et en font courir à la société? Quel est ce besoin de contester? Qui sont ces rebelles qui sèment l’inquiétude et vont jusqu’à susciter la panique?
Ils dérangent. Ils nous obligent à réévaluer nos positions. Et à mettre de l’ordre dans nos idées, à ne plus nous satisfaire d’un confort intellectuel générateur de passivité.
Que serait devenue l’humanité sans ses précurseurs qui ont eu le courage de faire le premier pas dans une direction encore inexplorée, jalonnée de risques, dépourvue de garantie?
«Les plus grands voyages commencent par le premier pas.» Où en serions-nous si, depuis des siècles, tant d’êtres d’exception n’avaient pas osé faire ce premier pas? A leurs risques et périls, ils ont ouvert une brèche dans les domaines les plus divers.
Comment oublier François d’Assise, Gandhi, le Docteur Schweizer, Sakharov, V. Havel, Mère Teresa, Lech Walesa, Nelson Mandela? Plus près de nous, dans des styles différents, Jacques Gaillot, Suzy Cornaz, René Felber et tant d’autres!
Capables de se passer de l’approbation d’autrui, sans chercher un résultat immédiat spectaculaire, ils disent comme l’un des leurs: je ne puis autrement.
On les traite volontiers de naïfs et d’utopistes. Ou bien on les déclare rebelles et anarchistes. C’est pourtant grâce à leur courage que des perspectives d’espoir germent là où régnaient l’obscurantisme, l’injustice, l’intolérance.
À la suite de Georges Bataille, on a envie d’affirmer: «L’avenir du monde appartient aux insoumis».