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De 1980 à 1985, l’Essor a continué à être porté et rédigé par Eric Descoeudres, aidé à distance par un vaste comité qui se réunissait rarement. Certains des membres de ce comité écrivaient régulièrement des articles et entretenaient des relations personnelles avec Eric Descoeudres. Ce fut le cas de Robert Junod et le mien. Ce qui permit à Eric Descoeudres, lorsque sa santé commença à se dégrader, de me demander de l’aider; ce que je fis à plusieurs reprises, me chargeant de plusieurs numéros, en corrigeant d’autres, me rendant même à Bâle à quelques reprises. En 1985, ses forces l’abandonnant, Eric Descoeudres demanda d’être déchargé de ses responsabilités. Il rédigeait l’Essor depuis 1953, soit trente-deux ans. C’est à lui que le journal doit d’exister encore, à sa ténacité inébranlable.
Une équipe rédactionnelle lui succéda au sein de laquelle Robert Junod apportait sa fougue et ses idées originales. Il venait aux séances accompagné de sa femme, Pierrette, et la présence de ce couple simple et gai d’où émanaient soudain les discours fulgurants de Robert, donnait une assise solide à nos réunions et une sorte d’élan intérieur.
Puis la mort se mit à frapper, d’abord Eric Descoeudres en 1987, puis Robert Junod lui-même en 1991. Quelques mois plus tard, ce fut Luc Francey, ami de longue date du journal et, pendant près de dix ans, son administrateur. Les départs successifs de ces trois hommes de valeur furent une rude épreuve pour ceux qui demeuraient. Il fallut complètement réorganiser la rédaction; et ceci d’autant plus que personne ne voulait plus se trouver chargé, seul, du poids du journal.
Après de longs palabres et des incertitudes, trois petites équipes travaillant chacune de leur côté se répartirent les numéros à préparer. Si mes souvenirs sont exacts – je n’ai trouvé aucun document précis à ce sujet – la première équipe était féminine avec Marguerite Loutan et Michèle Joz-Roland, la seconde masculine avec Jeanlouis Cornuz et Rémy Cosandey, la troisième mixte avec Yvette Humbert Fink, Fritz Tüller et moi-même. Suzanne Gerber envoyait des critiques de livres aux trois groupes.
Ces trois groupes travaillant sans lien, l’absence d’un capitaine devint vite évidente. Le journal se mit à louvoyer sans ligne de conduite précise. C’est ce qui incite, quatre ans plus tard, cinq des coéquipiers à déclarer forfait et à prendre une retraite bien méritée. Les démissionnaires de l’époque sont Michèle Joz-Roland, Marguerite Loutan, Pierrette Junod, Yvette Humbert Fink et moi-même. Elles annoncent dans le numéro d’août-septembre 1995 qu’elles abandonneront leur tâche à la fin de l’année. C’est alors qu’un miracle se produisit. Alors que le journal semblait condamné à disparaître, Jeanlouis Cornuz et Fritz Tüller se déclarent prêts à tenter un nouvel essai. Mes souvenirs de la vie de l’Essor s’arrêtent là.
J’ajouterai cependant une remarque personnelle; je suis entrée tard au comité de l’Essor, après avoir travaillé pendant des années au sein d’associations féminines; j’ai trouvé là un milieu mixte et y ai rencontré des hommes remarquables comme l’abbé Lugon et René Bovard; j’ai aimé travailler aux côtés d’Eric Descoeudres et de Robert Junod et je me suis liée d’amitié avec Luc Francey, alors que je n’imaginais pas qu’à nos âges une telle camaraderie était encore possible. Bref, les quinze ans passés au service de l’Essor ont été, pour moi et pour bien d’autres, chaleureux et enrichissants.