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En ces jours où le déconfinement a commencé, les médias et le public se demandent si la crise due au coronavirus va changer quelque chose dans nos vies et dans la société. Pour ma part, je ne crois pas à une modification rapide et radicale des habitudes et des attitudes car l'histoire est lente et ce n'est certainement pas une coupure de quelques semaines qui va engendrer des changements importants. Depuis quelques décennies, la société occidentale s'est considérablement modifiée mais des modifications ne sont pas survenues brutalement mais résultent d'une lente évolution des moeurs et des mentalités.
J'aimerais illustrer mon propos par deux exemples concrets. Parvenu à l'automne de mon existence, je tente parfois de faire le point sur ce qui n'est plus comme lorsque j'étais jeune. En tant que personne aveugle, j'ai souvent apprécié la solidarité de l'homme ou de la femme de la rue qui me proposait un coup de main, par exemple pour localiser une place libre dans un transport. Depuis quelques années, cette bienveillance n'est plus ce qu'elle était, non pas par volonté délibérée de la population mais parce que chacun a le nez plongé dans son smartphone et ne voit plus si un voisin a besoin d'une aide ponctuelle.
D'ailleurs, de nos jours, où les amalgames sont la règle, fait-on encore la distinction entre les besoins spécifiques des personnes que l'on qualifie de «handicapées»? A mon sens, ce terme n'est pas cohérent car il désigne des situations fort différentes qui ne peuvent requérir des réponses identiques. Je lisais l'autre jour un article relatant les efforts consentis par les compagnies de transports pour faciliter l'accès des «handicapés». Mais on ne précisait évidemment pas quel était le besoin des personnes en question. On peut imaginer qu'il s'agissait en l'occurrence d'usagers de fauteuils roulants. Et qu'en est-il de toutes celles et tous ceux qui ont des besoins différents? Si je réclame par exemple des annonces sonores dans les transports, on me répondra que l'on a déjà tenu compte des exigences formulées par les personnes handicapées. Je ne pense pas que la crise actuelle va faire mieux comprendre que le terme «handicapé» désigne des situations complexes et incomparables qui requièrent des réponses spécifiques.
Tout le monde a envie que des changements interviennent pour mieux répondre aux aspirations de la population. Le gros problème que nous affrontons dans notre pays réside dans l'indifférence des citoyens qui ne croient pas utile de se prononcer lors des consultations, qu'il s'agisse d'élections ou de votations. Et ceux qui s'abstiennent sont les premiers à critiquer les décisions prises par nos autorités. «De toute façon», comme ils disent, «ils font ce qu'ils veulent». Remarque stupide s’il en est. Dans une démocratie, le peuple a le droit de s'exprimer mais encore faut-il qu'il le fasse... Il n'est pas juste que 30 ou 40% de la population déterminent la politique appliquée à l'ensemble des citoyens. Il faut que nos concitoyens se ressaisissent ou alors il ne vaudra plus la peine de prétendre vivre en démocratie. Une dictature éclairée ou non s'installerait comme on le voit déjà dans certains Etats. Un changement n'interviendra pas brusquement. Une prise de conscience est nécessaire mais elle ne peut être accélérée.
En résumé, je ne nie pas la possibilité que la société se réforme mais cela requérra des années. Je peux donc affirmer sans crainte de me tromper, «et après...?» Rien de nouveau!
Roger Cosandey