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Août 2019
Le Chef de la femme (de Raymond Spira)
Lu par : Rémy Cosandey

Le Chef de la femme
Raymond Spira,
Éditions Stämpfli, 2019

À la fin de son introduction, l’auteur utilise une citation qui résume bien le contenu de son ouvrage: «Dans toutes les religions, il n’y a pas pire engeance que les intégristes et les fondamentalistes qui, avec une suffisance inversement proportionnelle à leurs connaissances, prétendent enseigner au monde entier comment il fait traiter les femmes pour complaire à Dieu.»

Raymond Spira, ancien avocat et juge fédéral, s’est livré à un gigantesque travail de recherche pour expliquer la place et le rôle de la femme à travers les siècles et les religions. A la fois juriste et historien, il a décortiqué la vision de l’homme par rapport à la femme, tout en soulignant qu’il ne fallait pas prendre tous les préceptes dans leur sens littéral et en insistant sur le fait que les lois et l’histoire avaient été écrites par des hommes.

Aujourd’hui, les conventions internationales, les constitutions et les lois consacrent le principe d’égalité entre l’homme et la femme. Mais il n’en est rien dans la réalité et le machisme est l’une des pires formes de l’injustice légalisée. A cet égard, une accusation revient fréquemment dans la bouche ou sous la plume de celles et ceux qui dénoncent cet état de fait: ce sont les religions et leurs lois «divines» qui sont responsables de cette discrimination du sexe dit «faible». En effet, la plupart des religions traitent la femme comme un être suspect, qu’il faut en permanence surveiller, contraindre et châtier lorsque cela se révèle nécessaire. A noter, au passage, que le Code civil suisse disait, jusqu’en 1987: «Le mari est le chef de l’union conjugale».

Du code d’Hammourabi à l’islam en passant par l’Antiquité gréco-romaine, le judaïsme et le christianisme, Raymond Spira analyse avec justesse mais sans complaisance les relations entre l’homme et la femme. Les lois, les codes et les principes appliqués concernaient tous les aspects auxquels les femmes pouvaient être confrontées: les fiançailles et le mariage, les concubines, l’adultère, le divorce, la répudiation, l’avortement, le contrôle des naissances. Dans tous les cas, on constate que l’inégalité entre l’homme et la femme est manifeste.

La majorité des lecteurs de l’essor étant des chrétiens ou des incroyants, attachons-nous simplement à souligner la différence entre le protestantisme et le catholicisme. Le premier reconnaît l’égalité et les femmes peuvent exercer les mêmes fonctions que les hommes. Le second, en revanche, malgré des encycliques et des déclarations papales progressistes, exige toujours le célibat des prêtres (qui provoque parfois de graves dérives…) et refuse l’ordination des femmes.

En conclusion, Raymond Spira se pose une question: on en vient à se demander si les dieux, leurs liturgies et leurs lois ne sont pas tout simplement un stratagème dont usent les mâles pour mieux dominer leurs femelles. «Quant on met en lumière la misogynie des prescriptions religieuses, la réponse classique des croyants est que ces textes remontent à une époque où les moeurs patriarcales étaient communes à tous les peuples et que ceci explique cela. Soit. Mais alors pourquoi s’opposer à toute remise en cause des préceptes «sacrés» relatifs à la condition des femmes? Puisse l’arme du droit leur servir et leur épargner le recours à la violence dont les guerres de religion, toujours menées par des hommes, sont depuis des siècles la triste illustration.»

Rémy Cosandey

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