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À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle française, le livre de Jean-Claude Rennwald est une contribution importante pour l’avenir de ce pays voisin. Le constat est impitoyable: la France va mal; elle compte des millions de chômeurs et une vague d’attentats l’a traumatisée. Elle va aussi mal pour des raisons structurelles: centralisme, système présidentiel de type monarchique, syndicalisme éclaté, patronat arrogant, médias à la botte du pouvoir politico-économique, école au service des élites, redistributions inégalitaires des richesses, obsession du tout nucléaire, politique étrangère rappelant la période coloniale.
Jean-Claude Rennwald maîtrise parfaitement son sujet. D’une part parce qu’il est syndicaliste et politicien (il a siégé pendant 16 ans au Conseil national), d’autre part parce qu’il est double national de cœur (sa famille était française) et qu’il connaît bien la France, pays auquel il est très attaché. C’est précisément son amour pour la France qui lui permet de dire les choses telles qu’elles sont, sans pratiquer la langue de bois si chère à de nombreux élus.
L’auteur n’y va pas par quatre chemins. Il conclut chaque chapitre par ces mots: la France a mal… Et elle a vraiment mal partout: à son organisation territoriale, à son système politique, à ses combines politiques, à son système référendaire, à son syndicalisme, à son patronat, à ses médias, à son système éducatif, à son organisation sociale, à sa production d’énergie (nucléaire) et à ses moyens de transport, à sa politique étrangère, à ses ventes d’armes et à sa politique économique et financière néocoloniale. La France a aussi mal à sa gauche et à sa droite.
Comment guérir ce grand malade? Jean-Claude Rennwald propose un certain nombre de solutions (qu’il appelle des pistes) qui paraissent logiques en Suisse mais révolutionnaires en France. Citons-en quelques-unes: suppression du poste de Président de la République (qui a presque autant de pouvoirs qu’un souverain absolu), élection d’un Premier ministre par le Parlement, élection de l’Assemblée nationale au scrutin proportionnel, introduction du référendum d’initiative populaire, reconstruction d’une école républicaine, relèvement du pouvoir d’achat, introduction de la semaine de travail de 32 heures sur 4 jours.
Journaliste, politologue, dirigeant syndical, Jean-Claude Rennwald est avant tout un socialiste convaincu. C’est pourquoi il s’inquiète des dérives de la gauche. Pour lui, François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron ne sont plus des socialistes mais des sociaux-libéraux. Le bilan du quinquennat a été catastrophique et n’a été marqué par aucune réforme d’envergure, notamment dans le domaine de la politique économique et sociale. Ce qui fait dire à Gérard Filoche, un des ténors de la gauche du PS français: «C’est le premier gouvernement de gauche en plus d’un siècle qui n’accorde aucune satisfaction à ses millions d’électeurs salariés».
Il faudrait que les Français écoutent Jean-Claude Rennwald. Ils pourraient ainsi commencer à reconstruire un pays ravagé par le doute, distancé sur le plan économique et doté d’institutions inadaptées au 21e siècle.