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La peur a toujours été une très mauvaise conseillère d'autant plus qu'elle contribue à créer encore plus de peurs! Selon le professeur Ron Stoop, responsable de l’Unité de recherche sur la neurobiologie de l’anxiété et de la peur au CHUV, «la peur sert à gérer les imprévus, à trouver les moyens de faire face à des situations différentes, dans un sens négatif, de celles que l’on attendait.». Ce système d’alarme archaïque, qui a permis aux espèces animales de survivre et d’évoluer, se déclenche lorsque l’on perçoit une menace objective ou subjective. La peur est une expérience intense qui procure du plaisir et qui renforce notre sentiment d’être vivant et cette peur permet la montée d’adrénaline et de décharge d’endorphine.
Cette peur influence notre perception et fait que nos réactions deviennent négatives, poussant bien des gens à la démission, beaucoup de travailleurs à la révolte, encore d'autres à l’apathie et en nous enfermant dans nos frontières et nos certitudes, dans nos préjugés, dans notre animosité envers les étrangers, dans nos perceptions noires de la vie et du sort de notre monde, nous produisons encore plus de peur. En réaction, cette peur contribue à augmenter le nombre de caméras de surveillance, le foisonnement des agences privées, l'augmentation du nombre des policiers et des armes vendues par les armuriers, aggravant encore plus cette peur.
De tout temps, pour maintenir les gens dans un état de soumission, les autorités ont utilisé et instrumentalisé la peur en jouant sur le sentiment d'insécurité pour que la population s'englue dans la peur. Sous le fallacieux prétexte de répondre «aux besoins de la population» et donner l'impression d'agir, les autorités profitent de cette peur pour soumettre les gens à leur volonté. En fait, le problème n'est pas la peur en tant que telle mais l'instrumentalisation qu'en fait le pouvoir politique, policier, administratif, économique et social pour garder les gens dans leur état de soumission et d'en faire des consommateurs captifs qui ont peur de manquer, de ne pas être parfaits ou à la hauteur pour qu'ils restent à la disposition du pouvoir et acceptent jusqu'aux lois les plus liberticides au nom de la sécurité. Le plus flagrant, c'est lors des votations sur les initiatives progressistes prévoyant un changement, les détracteurs nous font une peur bleue avec les soi-disant «conséquences» de ces initiatives qui nous feraient perdre notre prospérité, nos places de travail, notre cohésion sociale, voire même notre pays tout entier!
On a même l'impression que, d'une manière ou d'une autre, cette peur arrange le pouvoir qui en profite pour s'arroger encore plus de pouvoir et c'est peut-être là une des clés pour s'en sortir, soit par une prise de conscience du corps social de sa propre compromission dans la montée de la peur et par une lutte sans merci contre l'instrumentalisation de la peur, le délitement social, la dégradation du mental, les démissions en tout genre et tous ces autres problèmes de société qui font si peur à nos dirigeants.
Georges Tafelmacher, artisan à la retraite, Pully