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« Il n'y a pas trop d'êtres humains sur le terre, mais trop d'automobilistes », dit malicieusement le slogan des objecteurs de croissance. Pour le formuler autrement: il y a trop d'habitants du nord qui polluent et surconsomment l'énergie. En 1980 déjà, un Etats-unien consommait autant d'énergie que 2 Européens, que 168 Tanzaniens et que 900 Népalais. Depuis, le fossé s'est encore élargi. Le problème, écrit Stéphane Lavignotte citant Andrew Feenberg, c'est que « le rapport du capitaliste à l'environnement est déterminé par la recherche du profit à court terme et son habilité à en faire payer les frais par d'autres. »
En Suisse, nous avons opté pour ce modèle nord-américain au début des années 50. Imaginons un instant le réseau dense, confortable, bien huilé que nous aurions si les investissements pour les autoroutes étaient allés vers les transports en commun... Récemment, quatre films DVD sont sortis qui expliquent et illustrent ce qu'il y a de faux et de pervers dans le système néolibéral. L'avantage des informations filmées, c'est que l'analyse et les recommandations sont plus ramassées. Pour une fois, faisons ce choix. Et recommandons la diffusion de ces quatre documentaires.
Comment l'industrie alimentaire affame le tiers-monde
Tel est le sous-titre du film de l'Autrichien Erwin Wagenhofer «We feed the world» (Nous, prétendent les multinationales, nourrissons le monde, 2007), qui réussit à nous convaincre que la racine du mal est le principe du profit. A Graz, deuxième ville d'Autriche, on jette 2 millions de tonnes de pain par année. A El Ejido au sud de l'Espagne, des Africains sont exploités comme des esclaves pour produire des légumes qui sont vendus à un prix si bas sur le marché de Dakar qu'il ruine les maraîchers sénégalais!
Que font les banques de notre argent? La réponse se trouve encore chez Wagenhofer, dont le film «Let's make money» (Faisons des bénéfices, à tout prix, 2008) cite des entrepreneurs du nord qui avouent que les investisseurs ne s'occupent nullement d'éthique et de protection de l'environnement. Les mines à ciel ouvert (les plus polluantes!) du Ghana rapportent 3% de bénéfices à l'Afrique et 97% aux pays dits avancés! Le ressort du système, c'est de renverser les barrières protectrices de toutes sortes et de – du latin privare, dépouiller – l'Etat. Lorsque la Banque mondiale (que le cinéaste appelle US Bank) investit, la seule chose qui intéresse ses commanditaires est de pomper massivement les matières premières.
Une interview inouïe met en scène un ancien « agent spécial » de Washington, qui avoue à visage découvert qu'il a participé à des opérations secrètes: «Quand un président latino-américain se rebiffe contre la "défense des intérêts des USA", nous allons le trouver et lui offrons de l'argent, beaucoup d'argent. S'il n'obtempère pas, nous lui envoyons les chacals». C'est ainsi que sont morts les présidents Salvador Allende (11 septembre 1973, Chili), Jaime Roldós (1981, Equateur) et Omar Torrijos (1981, Panama), ainsi que le premier ministre du Congo Patrice Lumumba (1961, voir le film Lumumba)! Et en dernière analyse, «nous occupons le pays», conclut cet agent...
Autre caractéristique de la mondialisation: les financiers restructurent les entreprises dont ils s'emparent, augmentent les dividendes et les bonus pour actionnaires et directeurs, licencient des milliers d'employés, et quand ces entreprises sont exsangues, ils les revendent...
C'est ce qu'illustre Michael Moore dans son film «Capitalism – a love story», sorti en 2009, à partir de l'histoire de l'usine d'automobiles où son père travaillait, et qui n'est plus qu'une ruine. Avec son style percutant, Michael décrit ensuite comment le sauvetage des entreprises sinistrées fut opéré par le groupe de pouvoir autour de George W. Bush: il fallut pressuriser le Parlement, pour qu'il accepte de violer un article constitutionnel et plusieurs articles de lois, sous le prétexte d'empêcher de sombrer «les entreprises et banques responsables de la crise». Moore appelle cette manœuvre de 700 milliards $ «la plus grande escroquerie de l'histoire».
Avant de conclure, il faut mentionner L'Encerclement ou La démocratie dans les rets du néolibéralisme, le film québécois de Richard Brouillette (2008). Juste deux exemples parmi les multiples scandales dénoncés par les meilleurs spécialistes. La propagande n'a pas été inventée par Hitler ou Goebbels, mais par le capitalisme US. Et: le vrai visage de la perversité du système apparaît lorsque Paul Wolfowitz passe de secrétaire à la Défense (d'où il a planifié et conduit l'invasion de l'Irak) à la présidence de la Banque mondiale!
Concluons: nous vivons une crise des valeurs morales. Pour que le système change, la pression de la base doit augmenter au décuple, alors que le conditionnement par les médias a rendu les gens dociles. Mais nous tous pouvons mettre la main à la pâte, en modifiant nos habitudes alimentaires. Citons les chiffres du calendrier de Carême 2010: « La vache du riche mange le grain du pauvre; il faut 7 à 9 calories végétales pour produire une calorie animale. Par hectare, l'élevage de bœufs permet de nourrir 22 fois moins de monde que le riz. Un kilo de bœuf nécessite jusqu'à 100'000 l. d'eau, soit 100 fois plus qu'un kilo de blé... ».