Logo Journal L'Essor
2006 2007 2008 2009 2010
2011 2012 2013 2014 2015
2016 2017 2018 2019 2020
2021 2022 2023 2024 2025
+ nos 100 ans d'archives, de 1905 à 2005 !
Rechercher un seul mot dans les articles :
Article suivant Numéro suivant
Numéro précédent Article précédent   index de ce numéro

Février 2025
Laudatio
Auteur : Madame Ruth Dreifuss + Réd.

C’est en 2020 que l’on commémorait le 100e anniversaire de la création du Service civil international. Cette année-là, le SCI a aussi reçu le huitième prix Civiva. À cette occasion, c’est l’ex-Conseillière fédérale madame Ruth Dreifuss qui avait été invitée à s’adresser aux personnes présentes. Nous reproduisons ici une partie de l’éloge qu’elle a prononcé à cette occasion. Texte complet: cf. SCI, Newsletter 3/2020


Merci de m’avoir conviée à prononcer la laudatio du Service civil international, auquel je voue une profonde reconnaissance pour le travail accompli depuis un siècle et qui ranime le souvenir de plusieurs amis qui ont participé à des chantiers de construction de la paix. Car la paix se construit et se reconstruit à travers l’engagement des hommes et des femmes de bonne volonté. Et l’espoir de déraciner la violence et les injustices doit, elle aussi, être en permanence réanimé.

[Après la Première Guerre mondiale…] il fallait, comme Wolf Bierman l’a chanté, être fous d’espoir (wir müssen vor Hoffnung verrückt sein) pour croire à la paix. […]

Il devait être fou d’espoir, Pierre Cérésole, inspiré par l’injonction biblique de transformer les épées en charrues, lorsqu’il a appelé à opposer les pelles aux armes. Lui et ses compagnons de la première heure, devaient être fous d’espoir en effet pour réunir près de Verdun des volontaires anglais, belges, français et allemands. L’espoir, comme la paix, se construisent dans l’engagement concret. La solidarité vécue, pratiquée par les milliers et les milliers de volontaires du Service civil international, ne s’est pas limitée à la reconstruction des ruines laissées par les conflits, puis par les catastrophes naturelles. Ces volontaires ont aussi apporté leur aide aux personnes déplacées. La promotion du dialogue Est-Ouest et Nord-Sud est venue s’y ajouter. Aujourd’hui, l’organisation centenaire que nous honorons est devenue planétaire.

Car l’espoir et le besoin de paix sont universels. Le SCI continue à mobiliser des hommes et des femmes de bonne volonté, des jeunes surtout qui apprennent dans le travail commun à reconnaître dans l’autre son frère ou sa sœur.

[…] Des dizaines de milliers de jeunes hommes ont été emprisonnés parce qu’il refusaient d’être intégrés dans l’armée. Je pense en particulier à deux amis qui, immédiatement après avoir purgé leurs peines, se sont engagés dans des chantiers SCI. Je me souviens aussi de ce jeune homme qui, aussitôt libéré de prison, est parti comme volontaire à Madagascar; la police fédérale avait tenté, heureusement en vain, d’empêcher son engagement par la Coopération suisse au développement à cause de son casier judiciaire chargé.

Ce n’est qu’en 1996 qu’un service de remplacement a été enfin rendu possible. Mais service de remplacement signifie que la primauté est toujours accordée au service militaire et que le service civil reste du domaine de la politique de sécurité ! Vous le savez, l’accès au service civil est conditionné à un conflit de conscience (examiné jusqu’en 2009 par des experts en conscience) et dure une fois et demi le temps du service militaire. Attirant malgré ces cautèles des milliers de jeunes, le service civil est depuis dix ans la cible de tentatives de les décourager. […]

Si les réfractaires à la guerre du Vietnam scandaient «faites l’amour, pas la guerre», reprenons ce slogan en lui insufflant l’expérience du SCI: pratiquez l’amour –cet autre mot qui exprime la solidarité– et refusez la guerre.

Madame Ruth Dreifuss

Espace Rédaction    intranet
© Journal L'Essor 1905—2025   |   Reproduction autorisée avec mention de la source et annonce à la Rédaction  |       Corrections ?