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L’épisode coronavirus aura au moins eu le mérite de provoquer quelques réflexions, plus ou moins intelligentes, plus ou moins réalistes et plus ou moins utopiques. Mais il ne faudrait pas que cette crise se perde dans l’oubli tant elle a mis en lumière plusieurs situations dont quelques unes ont été assez embarrassantes. J’imagine que nous n’avons pas fini d’en parler et le débat, dans les démocraties, va continuer à animer les dîners en ville et les discussions de bistrots.
À propos de confinement
Avant le confinement, j’avais proposé la création d’une sorte de conseil des sages dans mon village, un conseil consultatif, une assemblée locale des vieux à l’image des parlements de la jeunesse que l’on a vu éclore ici ou là. Accessible dès l’âge de la retraite, il serait ouvert à qui veut en faire partie. Informé des projets municipaux, ce conseil des sages transmettrait, le cas échéant, son avis majoritaire aux autorités. Il ne s’agit évidemment pas de rogner les prérogatives du parlement communal officiel, mais simplement de donner aux autorités la vision spécifique des personnes qui ont un peu vécu, celles qui ont une petite expérience de la vie et qui sont sensées être un peu plus sages.
Les vieux sont moins confinés dans leurs engagements politiques, plus libres, dégagés d’ambitions personnelles et sans plus de position sociale à conquérir. La plupart des vieux savent que vouloir devenir calife à la place du calife est aveuglant et ne permet donc pas d’avoir le bien commun en bonne vue. Il est notoire – toutes les études le montre – que ce sont les personnes âgées qui votent avec le plus d’assiduité. Or, si on peut penser que les vieux sont par définition plus conservateurs, il n’est pas moins vrai que bien des idées innovantes proviennent de «l’expérience». Il est évident que les traditions ne survivent – en dehors du folklore – que si elles s’insèrent avec intelligence dans la «modernité».
C’est le moment où jamais de réfléchir!
La période de confinement, probablement appelée à durer pour les plus âgés d’entre nous, a provoqué beaucoup de réflexions. Il y a certainement quelque chose à en tirer. Aussi faut-il appeler les politiques à sortir de leurs vues partisanes, à abandonner un peu leurs dogmes, à perdre leur «religion» et à considérer avec plus d’attention et de bienveillance l’ensemble en oubliant les slogans et les mots d’ordre.
A droite comme à gauche, coronavirus a mis en lumière l’antagonisme qui divise l’opinion. D’un côté: les «économistes» pour qui la société ne fonctionne que si elle court après le profit, seul apte à apporter le bonheur (à quelques uns seulement, oublient-ils de préciser). En face, celles et ceux qui se sont rangés dans le camp des «humanistes», qui pensent que plaie d’argent n’est pas mortelle et qu’il importe de s’occuper d’abord du fragile, bien trop fragile «vivant», qu’il soit animal, végétal ou même minéral, seul capable d’apporter le bonheur à tous, fut-ce au prix de quelques «légers» renoncements.
Cette faille dans la société est venue s’immiscer à la suite du virus et il est vraisemblable qu’elle subsiste au-delà. A tout le moins, il faut souhaiter que ce débat s’installe durablement. Les personnes âgées sont appelées à faire part de leurs expériences, à rappeler aux autres générations ce que l’économie outrancière a fait disparaître, comme par exemple la solidarité, l’hospitalité, le partage, etc. L’honnêteté appelle cependant ces mêmes personnes âgées à ne pas s’exonérer du passé et à témoigner des erreurs commises, en particulier auprès des jeunes.
Fragile équilibre…
Et puis, il faut bien reconnaître qu’aujourd’hui, de façon paradoxale, on devient vieux de plus en plus jeune et on reste jeune de plus en plus vieux. Vers quarante ans déjà, il y un peu plus de difficulté à trouver un emploi, à cinquante ans c’est carrément difficile, à 55 ans et au delà, c’est mission impossible. Par contre, il y a des nonagénaires qui courent tous les jours, qui font du vélo et pratiquent d’autres activités physiques, ce qui était impensable il y a peu.
Un retour massif aux valeurs humanistes s’impose et devrait prévaloir sur les fantasmes financiers. Il faut rendre un peu d’espoir à toute l’humanité. Elle est tout à fait capable de corriger les dérives devenues évidentes de notre société frénétiquement engagée dans une course à la consommation dont elle ne sortira pas sans dommage si elle retourne aux excès qui l’ont conduite à cette situation. La conscience du monde est l’affaire de toutes et tous, y compris des vieux qui ont certainement des choses à se faire pardonner mais sûrement aussi des témoignages à donner en exemple de ce qu’il faut, et ne pas, faire.
Plus que jamais, la société se doit à la solidarité la plus solide possible entre toutes ses composantes; qu’elles soient sociales, générationnelles ou culturelles. L’oubli de cette nécessité n’annonce rien de bon et conduit en droite ligne vers le désastre. Le moment est venu pour que la philosophie et la sagesse reprennent leurs places à côté de la seule économie.
Peut-être faudrait-il changer la relation travail-argent et revenir à un rapport plus équitable. Sans tomber dans l’égalitarisme. Ne devrions-nous pas retrouver un peu plus d’équilibre? Les vieux peuvent contribuer au monde (et devraient) lui apporter, entre autres choses, le sens de la mesure et le «souvenir» de l’équilibre!