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«La traite négrière était à inscrire au patrimoine tragique du genre humain. Parce qu'elle avait impliqué des régions différentes du monde. Parce que les bourreaux n'avaient pas été que d'un côté. Parce qu'elle était, à cette échelle-là, le premier crime contre l'humanité dont on ait gardé la trace».
Ce constat, tiré du livre de Léonora Miano (Les Aubes écarlates, 2009) montre très bien qu’il y a patrimoine… et patrimoine. Il est possible de s’enorgueillir de certains patrimoines alors qu’il est indécent de glorifier d’autres traces du passé. L’histoire se redéfinit constamment, ce qui était bel et bon hier peut aujourd’hui n’être plus au goût du jour, voire même repoussant.
Pour autant, est-ce que le patrimoine doit être unanimement reconnu comme étant une valeur positive? Poser la question c’est y répondre. Pour spontanée que ça paraisse, manifester en déboulonnant des statues participe d’une tentative de redéfinition d’un passé commun. Le sujet est délicat, le passé change à l’aune de celles et ceux qui le contemplent. À titre d’exemple, il est évident que les Russes d’aujourd’hui n’ont pas la même vision de 39-45 que les enfants des coalisés occidentaux d’alors. On peut multiplier à l’infini les situations où le regard porté sur tel ou tel événement dépend de réalités différentes et qui parfois même s’opposent, non sans violences. Hélas, l’histoire est écrite par ceux qui se voient comme vainqueurs. Il arrive que les perdants d’hier deviennent les gagnants du lendemain.
Il ne faut donc pas trop s’accrocher au «patrimoine» et admettre qu’il n’est que le reflet d’un moment culturel qu’un autre moment jugera d’une toute autre façon. Un patrimoine ne devrait avoir de signification que si l’on considère le «patrimoine» de tous les acteurs impliqués. En résumé, et comme pour tout le reste, la distance, le respect et l’ouverture d’esprit sont indispensables à la considération de quelque patrimoine que ce soit. De là à changer le titre de certains ouvrages! Ça revient à tromper l’histoire et le temps lui-même. Par ailleurs, on ne veut plus de cours d’Histoire ni de latin ou de grec, on dirait bien que l’oubli soit devenu de nos jours, une valeur (peu) patrimoniale.
Je ne sais pas vous, mais pour ma part, patrimoine d’accord (et le matrimoine alors!?) mais pas trop.
Chère lectrice, cher lecteur, et si nous partagions cet exemplaire de l’essor, comme un… modeste morceau de patrimoine.
Marc Gabriel