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Au cours du 19e siècle, des centaines de milliers de Suisses et des millions d’Européens ont fui la misère pour chercher de meilleures conditions de vie en Amérique (surtout au Canada, au Brésil et en Argentine) ou en Afrique du Sud. Beaucoup d’entre eux ont trouvé une nouvelle patrie et leurs descendants sont fiers de rappeler leur origine. Au 21e siècle, des millions d’Africains cherchent refuge en Europe. Ils sont poussés non seulement par la misère, mais aussi par la violence, les guerres civiles et les changements climatiques.
Au lieu d’accueillir ces hommes, ces femmes et ces enfants qui font exactement, mais dans l’autre sens, ce qu’ont fait les Européens au 19e siècle, on les dissuade en leur refusant l’accès dans un port, en construisant des murs ou, pire encore, des centres de tri (on pourrait dire des prisons) dans des pays dictatoriaux tels que la Turquie ou la Libye (moyennant des milliards d’euros versés par les Européens).
Faisons-nous l’avocat du diable: cessons de recevoir des demandeurs d’asile et supprimons l’aide au développement. En contrepartie, achetons à des prix corrects les matières premières et les produits alimentaires que nous importons, arrêtons de soutenir les régimes dictatoriaux, cessons de livrer des armes dont l’usage provoque la pauvreté et l’exil. Ce jour-là, nous serons les grands perdants.
Un seul exemple: des dizaines de milliers de kilomètres carrés d’excellentes terres sont cultivés dans la Corne de l’Afrique au bénéfice notamment du Japon et de la Chine. Et les Ethiopiens, les Erythréens et les Somaliens doivent recourir à l’aide alimentaire de l’ONU. Et on ose parler d’aide aux pays en voie de développement!
Quand leur niveau de vie aura sensiblement augmenté, on pourra alors – mais seulement à ce moment-là – demander aux Africains et aux Africaines de se préoccuper d’un problème qui déséquilibre totalement le continent: la natalité galopante. Pour l’instant, les 5 ou 6 enfants que compte chaque famille remplacent la caisse de retraite qui est inexistante dans presque tous les pays africains (les enfants s’occuperont matériellement de leurs parents quand ils auront fini le travail).
Voltaire disait: «Il est bon nombre de gens, en ce monde, qui ont un double visage». Peut-être devrions-nous méditer cette pensée et surtout voir dans le demandeur d’asile un être qui nous ressemble et qui, comme nous, cherche tout simplement à travailler et à vivre dans la tranquillité.