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On veut nous faire croire que notre vie pourrait être du «bonheur» alors que nous souffrons mille maux qui valent mille peines. Nous voulons être heureux alors que nous pataugeons dans mille difficultés qui nous rendent la vie très dure. On nous berce de la croyance qu'il suffirait de clamer haut et fort que le bonheur serait à portée de main et que nous pourrions l’avoir en faisant des incantations devant le miroir. Cela laisserait entendre que si nous n’étions pas heureux ou ne nagerions pas dans le bonheur, ce serait toute notre faute, que si nous étions tristes ou accablés, ce serait notre choix et que nous aurions fait tout pour non seulement être ainsi mais, si nous persistions, de faire dans l’auto- flagellation.
En fait, la vie est un karma où nous en prenons plein la gueule quoique nous fassions et nous avons beau psalmodier à longueur de journée que tout devrait bien aller, que nous devrions être optimistes, que nous pourrions être ce que nous voudrions bien être, il n’en reste pas moins que ces moments ressentis comme négatifs reviennent au galop sans que nous puissions les prévenir.
Il y a un autre problème car si on dit «bonheur», on dit aussi «malheur» comme si les deux étaient irrémédiablement liés. Nous sommes alors en pleine dichotomie ou le binôme «bonheur-malheur» résumerait à lui seul nos impulsions secrètes et même notre mode de vie. Il s'agit d'une opposition qui n'a pas lieu d'être car la seule chose qui compterait ce serait le «heur» tout seul qui lui nous renseignerait sur notre attitude et sentiment présents, choses à prendre pour ce qu'elles sont, soit les aléas de la vie que nous devrions vivre, voir et comprendre. C'est à dire qu'il vaut mieux vivre et traverser tous nos sentiments quels qu'ils soient pour mieux comprendre ce que nous sommes. Comme le binôme «positif-négatif» qui, lui, qualifie et oppose ces deux notions, ce qui laisserait entendre qu'il faudrait être l'un et surtout pas l'autre.
Bien sûr que j'ai eu des moments agréables dans ma vie mais je ne les ai pas nommés «bonheur» car ils étaient des instants où je me rendais compte de ce qui m'arrivait et dans cet état d'esprit éclairé, je pouvais enfin mieux comprendre mes sentiments, mes réactions et mes élans. Par contre, lorsque je me trouvais dans les profondeurs d'un désespoir réel, cela me permettait enfin de cerner les pourtours de la complexité de nos émotions tout en faisant attention de ne pas leur donner une connotation «négative» car nos «malheurs» sont aussi des moments pour mieux se comprendre et, accessoirement, mieux comprendre les autres.
Bref, nous devons accepter tous nos sentiments même ceux que nous désignons comme «mauvais», «néfastes», «négatifs» car ces sentiments sont très utiles, il suffit de les voir en face, d’en prendre conscience pour progresser dans la vie.
Ah oui, j'ai quand même éprouvé un moment de «bonheur» lorsque j'ai pu enfin mettre sur papier ces pensées intimes!